dimanche 24 novembre 2013

Eugène Préhau - 1915 à 1919 (3ème et dernière partie)

Dernier épisode du parcours d'Eugène Préhau lors de la première guerre mondiale...

1915 à 1917 : 114ème régiment d'artillerie lourde

Dans le dernier article, nous en étions restés à la commune de Srempair? qui se trouve sûrement dans la Somme.
Après la bataille de la Somme, Eugène s'est déplacé dans la Marne, comme évoqué sur son carnet ici-bas :
Grand embarquement
débarquement à sint ilaire au temple dans la Marne (Saint-Hilaire-au-Temple)
suipe (Suippes)
franche villle (Francheville)
sint julien ?
suipe (Suippes)
trou bricot
maison de champagne (Maisons en Champagne)

Eugène est alors parti de la Marne pour le Territoire de Belfort et la Haute-Saône :
embarquement à Vitry le françois
débarquement à Belfort
le Ban de champagney
Champagney

Collection personnelle - Carnet de guerre Eugène Préhau

Je suppose que lors de la traversée de ces communes, il faisait déjà parti du 114ème régiment d'artillerie lourde.
Le site Internet "ancestramil" m'apporte des précisions sur ce régiment mais difficile d'associer les dires d'Eugène et les écrits du site.

La fiche matricule d'Eugène dit, en effet, qu'il a été envoyé au 114è RAL en 1915 alors que l'historique du régiment sur Gallica indique que ce régiment a été créé le 29 février 1916...difficile pour moi de m'y retrouver.

Continuons cependant le parcours d'Eugène et je me fierai donc aux dires d'Eugène, même si l'on doit toujours se méfier des dires des aïeux :-)
Eugène continue son parcours en Haute-Saône :
Collection personnelle - Carnet de guerre Eugène Préhau


frayier (Frahier)
Romchamp

embarquement à Belfort le 1er mars 1916
débarquement à Ligny en Barrois le 2 mars (dans la Meuse)

arrivé à Verdun le 10 mars au camp du tremblait (ferme du Tremblais à côté d'Haudainville?)
monteron (Les Monthairons)
couenon
dieu (Dieue sur Meuse)
audinville (Haudainville)
génicourt Génicourt sur Meuse)
aundinville (Haudainville)
somedieu (Sommedieue)

le 5 mars 1916
20 balon captifs
emporté par la foudre
dans les lignes ennemies


Les ballons captifs servaient à observer les lignes ennemies.
Le site Carnet de Vol explique très bien la construction, la préparation de ces ballons captifs.

"Le ballon captif, relié au sol par des câbles fixés à un treuil à vapeur, est sphérique, de 750 m3 (ballon dit "type E", de siège. Il permet l'observation à deux, à 800m d'altitude, seulement par des vents ne dépassant pas les huit mètres à la seconde, c'est à dire à peu près trente Km/h), ou cylindrique (modèle allemand baptisé "Drachen" -dragon- nettement supérieur au sphérique, rapidement construit dès octobre 1914 par l'Etablissement central de Chalais-Meudon 820 mètres cubes, portés plus tard à 900). Rapidement, les spécialistes constatent la mauvaise stabilité du modèle sphérique, et, dès 1914, est développée la célèbre "saucisse", ballon allongé de 800 m3 équipé d'une queue à godets (cylindrique amélioré) comme les cerfs-volants pour en améliorer l'orientation dans le vent. Le treuil à vapeur est remplacé par un treuil automobile."
Ce ballon servit à l'entraînement d'officiers au parachutage. II était essentiel, en effet, de pouvoir évacuer le Caquot, si l'équipage au sol ne parvenait pas à le faire redescendre assez vite en cas d'attaque par l'aviation adverse. Une évacuation réussie était considérée comme équivalente à une victoire aérienne.
Source : http://histoire-militaire.pagesperso-orange.fr/aviation/ballonobservations.htm
http://www.premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com/image/uploader/uploadify/article/photo/123-1-1-ballon-captif-la-saucisse.jpg
Source : http://www.premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com/image/uploader/uploadify/article/photo/123-1-1-ballon-captif-la-saucisse.jpg

107ème régiment d'artillerie lourde 
du 21 février 1917 au 17 juillet 1919

Conformément à sa fiche matricule, Eugène part le 21 février 1917 pour Dôle où il va rejoindre la Marne puis la Meuse :
Collection personnelle - Carnet de guerre Eugène Préhau

----------------------------
arrivé au dépôt de Dole
Jura le 21 février 1917
----------------------------
arrivé à Chalon sur Visle Marne 
le 30 juin 1917
au camp dist Visvier

nixidille
Lime
Camp baleinne
Lampire
can Bouot

Je n'ai pas pu trouver ces dernières communes...

Collection personnelle - Carnet de guerre Eugène Préhau
En haut à gauche, Eugène précise son régiment d'alors : 107 at. 3ème bataillon de 105

Centre d'organisation d'artillerie lourde ....

Y sont présentes également les adresses de ses beau-frères, dont Jean-Baptiste Bonnin, mort pour la France, et auquel je dédierai plusieurs articles.

Enfin, Eugène indique :
"occupation en Allemagne
dans la ville de eupire...cufine??
arrivé le 11 décembre"

Je savais que mon arrière grand-père était allé en Allemagne à la fin de la guerre, et il avait même ramené un objet en porcelaine de Saxe (d'après ma grand-mère...). Mais malheureusement je n'arrive pas à lire la ville mentionnée :-(

Cependant, 2 cartes de mon arrière grand-père ont retenue mon attention.

La première carte postale date du 12 décembre 1918 et vient de Bruxelles.

Collection personnelle

Collection personnelle
Le 12 décembre 1918
Chère Marguerite
Je fais réponse de suite à ta lettre du 6 qui m'a
fait un grand plaisir surtout que santé va toujours
bien c'est le principal pour moi ça va toujours
pour l'instant je te dirai qu'on est rentré en allemagne
hier au soir à (enser...?même ville que sur le carnet de guerre...) on était pas beaucoup
regardé par les civils écoute ils ont des sales
têtes de "boche" ils nous regardent ...presque comme
un chien on nous a dit qu'on restait un peu de
temps où on peut on couche chez des civils dans
une chambre sur des matelas on était pas mal
ils causent le français enfin plus rien à te dire
je te ferai une longue lettre demain au revoir
ton mari qui t'aime et qui t'embrasse
bien des fois à toi pour la vie
Eugène

La deuxième date du 14 janvier 1919 et vient d'Aix-la-Chapelle en Allemagne:
Collection personnelle

Collection personnelle
 le 13 janvier 1919
Chère Marguerite
Je fais réponse à ta lettre du 8 qui m'a fait
un grand plaisir surtout que tu me dis que
le pauvre vieux alexandre ait...
tu parle d'une pour lui et vivement que je
parte en pause pour le voir enfin mon cher
petit tu me dis que je te parles pas si j'ai
reçu mon billet de 5 fr. ca m'étonne
pas ce que je t'oublie jamais la lettre peut bien
être perdue ou... un wagon qui a pris 
feu et avoir du tabac enfin la somme est 
pas forte mais c'est embêtant quand même
enfin mon cher petit plus rien à te dire que
la santé va toujours bien je t'ai pas écris
tout la journée en corvée en
Belgique ton mari qui
t'embrasse bien
Eugène

Eugène a été envoyé en congé de démobilisation le 17 juillet 1919 et s'est retiré à La Celle-Condé après 5 ans de séparation familiale!


Pendant tout ce temps, Eugène aura conservé ce souvenir dans son carnet de guerre :



Merci à ceux qui suivent le parcours d'Eugène Préhau, mon arrière grand-père, pendant la 1ère guerre mondiale.
J'espère pouvoir faire de même pour mes 3 autres arrières grand-pères, et pouvoir lire les aventures de vos bisaïeux bientôt sur vos blogs :-)

dimanche 17 novembre 2013

Eugène Préhau - Bataille de la Somme 1914-1915 (2ème partie)


Le service militaire d'Eugène

En 2011, lors d'une visite aux archives départementales du Cher, j'ai réussi à accéder à la fiche matricule de mon arrière grand-père Eugène Préhau, présentée ci-dessous:
Archives départementales du Cher - Registre matricule 1908 Bourges - série 2R n°672
J'y retrouve beaucoup plus d'éléments que dans son livret militaire, et, bien évidemment, le signalement physique est le même.
J'apprends qu'Eugène a commencé son service militaire le 8 octobre 1909 au 30ème régiment d'artillerie de Neufchâteau dans les Vosges.
Il est passé ensuite au 60ème régiment d'artillerie de campagne en tant que 2ème canonnier conducteur le 1er mars 1910.

Je possède une photo d'Eugène dans un uniforme militaire. Vu son visage, il me semblait plus jeune que sur les autres que j'ai de lui pendant la guerre. La voici:
Mon arrière grand-père Eugène Préhau - collection personnelle
Cette photo m'indique qu'il était à Troyes. Son uniforme ainsi que la banderole tout en haut de la photo m'informent qu'il était au 60ème régiment d'artillerie.
Le croisement de cette photo avec la fiche matricule me permet de la dater vers 1910.
Sur cette photo, Eugène avait ainsi aux alentours de 22 ans, et il s'agit donc d'une photo datant d'avant la "Grande Guerre".

Comme le signale la fiche matricule, ainsi que le livret militaire, Eugène a finit son service et fût envoyé en congé le 24 septembre 1911 et est passé dans la réserve le 1er octobre 1911.
Il se retire à La Celle-Condé, sa commune de résidence, après avoir reçu la somme de cinq francs quarante cinq pour effectuer le voyage entre Troyes et La Celle-Condé (dixit le capitaine commandant).


L'entrée en guerre et la bataille de la Somme

Comme mentionné dans l'article précédent, Eugène a été mobilisé et est parti de Bourges (Cher) le 18 octobre 1914.
Archives départementales du Cher - Registre matricule 1908 Bourges - série 2R n°672
Sa fiche matricule précise qu'il a été rappelé à l'activité par l'ordre de mobilisation générale du 1er août 1914. Le site Gallica contient une affiche avec la date du 2 août...Y-a-t-il eu plusieurs dates de mobilisation...?
Armée de Terre et Armée de Mer. Ordre de mobilisation générale... Dimanche 2 août 1914... : [affiche] / [non identifié] - 1
Source Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9017865v

Il est arrivé au corps le 3 août 1914 ; je suppose à la caserne de Bourges.
Eh oui, c'est bien à Bourges puisque sur la colonne de droite de sa fiche matricule, il est mentionné "1er régiment d'artillerie de campagne à Bourges".
Il devait sûrement être ainsi mis à disposition de l'armée, en attente d'une affectation.
Il est passé au 114ème régiment d'artillerie lourde le 1er novembre 1915.
Donc, entre le 3 août 1914 et ce 1er novembre 1915, Eugène est intégré au 1er régiment d'artillerie de campagne.
Afin de retracer la chronologie du parcours d'un combattant, il est nécessaire de jongler entre le "récit" inscrit à gauche et les différents régiments indiqués dans la colonne de droite.
Pour Eugène, l'exercice est assez aisé, mais ce n'est pas le cas pour mon autre arrière grand-père Eugène PETIT, que j'évoquerai dans un autre article.

Eugène indique sur son carnet de guerre, qu'il est arrivé le 21 octobre 1914 au quesnil en sentaire dans la Somme... Il faut lire "Le Quesnel en Santerre" qui se trouve effectivement dans la Somme, à proximité d'Amiens.

Ci-dessous la liste des communes qu'il a traversées jusqu'en 1916 au moins (toutes les étapes n'étant pas datées...):
 

 Le Quesnel
Méricourt
Folie (Folies)
Quesnois (Parvillers-Le Quesnois?)
Albert
Arbonier (Harbonnières?)
Engis?
Chanigne (Chuignes?)
Dampière (Dompierre-Becquincourt)
Glisy
Elaneuville
Brait (Bray sur Somme)
Capit (Cappy)
Beaufor (Beaufort en Santerre)
Arvilliers (Warvillers)
Parvilliers (Parvillers)
Quait (Caix)
Quailleux (Cayeux en Santerre)
Suzane (Suzanne)
Vrélit (Vrély)
Miaricourt (Méharicourt)
Moricelle (Morisel)
Roy (Roye)
Guerbigny
Mondidier (Montdidier)
Varsy ??
Lignières?
Beaches dans loise (Biaches...?)
Le falaise?
Srempaire...??

Avec l'aide de Wikipédia (liste des communes de Somme), j'ai réussi à retrouver la majorité des communes qu'Eugène a traversé.

J'ai vérifié sur le site chtimiste qui contient les parcours et des photos des différents régiments ayant participé à la première guerre, mais curieusement, les endroits évoqués ne correspondent pas avec ceux évoqués par mon arrière grand-père! Le 1er régiment d'artillerie est indiqué comme étant arrivé à Sarrebourg et basé ensuite en Lorraine jusqu'en 1915.
http://chtimiste.com/
Je m'en tiens bien évidemment aux dires d'Eugène : preuves à l'appui!

En effet, plusieurs photos-cartes postales en ma possession évoquent le village de Guerbigny où a séjourné Eugène en juillet 1915.
Collection personnelle
Carte envoyée par son compagnon de guerre :
Souvenirs de la guerre - En observation au bois "102"- Guerbigny 10 juillet 1915

Collection personnelle - Eugène Préhau à droite
Carte envoyée par son compagnon de guerre :
Souvenirs de la guerre "Notre chambre"- Guerbigny 18 juillet 1915

Collection personnelle - Eugène Préhau en bas à gauche, assis
Une série de correspondances datant de 1915 avec Marguerite, son épouse, évoquent sa vie quotidienne (j'ai choisi volontairement de corriger les fautes d'orthographes pour que ce soit plus compréhensible) et les villages du Quesnel et de Bray sur Somme.


Collection personnelle

Collection personnelle - verso de la carte précédente
Quenelle en sentairre some (Le Quesnel en Santerre)
dimanche 10 janvier 1915
Ma chère Marguerite
Je t'écris ces deux mots pour te dire de mes
nouvelles je te dirai que je suis toujours
en bonne santé j'espère que ma carte te trouve
de même je te dirai que je suis plus à Braise (Bray sur Somme)
on est retourné à quenelle je te dirai que l'eau
tombe tous les jours je t'envoie une de mes
carte mais je suis pas bien joli mais on est aussi
mal pris enfin ma chère Marguerite je n'ai
plus pas grand chose à te dire pour le moment je
désire que ma lettre te trouve en bonne santé
et tu me récriras que tu m'envoies ces bonnes nouvelles
je finis et je t'embrasse de tout mon cœur
ton mari à toi pour la vie Eugène Préhau
au 1er d'artillerie 10e
batterie de 120 long 9°(...)
Bureau Central Militaire Paris

La mention du régiment et du bataillon concorde bien avec ce qui est mentionné sur la fiche matricule et est confirmé par la photo ci-dessous.

Photo d'Eugène dans le 1er régiment d'artillerie, en bas, 2ème à compter de la gauche:
Collection personnelle - 1er RAC - 10ème batterie 120 long
Collection personnelle

Collection personnelle - verso de la carte précédente

"Mercredi le 18 juin 1915
Ma chère Marguerite
Tu me pardonneras si je t'ai pas souhaité ton anniversaire je n'y ai pas songé mais ça fait rien je vais t'envoyer une petite jolie carte quand même
je sais pas comment on vit
on vit quand même beaucoup de bombardements
ça dit pas grand chose
le plus à craindre c'est la tôle qu'il jette
ces bombes mais on se cache dans les caves
enfin ma chère Marguerite je finis en bonne santé et j'espère qu'il te trouve de même
ton mari qui t'embrasse et qui t'aime pour la vie 
Eugène
(Bonne santé à Léon) (Tu embrasseras ma petite fille)"

L'écriture de cet article m'a permis de revenir sur un épisode de la guerre qui est celui de la Bataille de la Somme. Je l'avais bien étudié à l'école mais les évènements actuels m'ont permis de me rappeler l'horreur vécu sur cette bataille.
Un document très bien conçu parle de cette bataille et est transmis par le site "centenaire de la guerre":
"Sites de la première guerre mondiale - le guide - la Somme".

Cela m'a appris également que mon arrière grand-père avait fait cette bataille.
Les photos récupérées permettent de donner une dimension autre et encore plus émouvante sur un des épisodes de sa vie.
La recherche, se faisant en parallèle de l'écriture de cet article, prend un peu de temps mais c'est très enrichissant et j'aurai peut-être l'occasion de visiter ces sites.

Je vous laisse, pour un 3ème et dernier épisode de la guerr vécue par Eugène entre 1915 et son retour en 1919).

Merci de me suivre.





lundi 11 novembre 2013

Gallica et la presse ancienne : des mines d'informations

Il y a quelques mois, au retour de mes recherches aux archives départementales de la Meuse, j'avais découvert des renseignements sur la fiche matricule de mon arrière-grand-père, Eugène PETIT ; renseignements que j'ai eu la joie de retrouver sur le site Internet des archives de la Meuse. 
En effet, celles-ci ont numérisé une partie de la presse meusienne. J'ai pris un journal qui semblait couvrir la région de Commercy, et je suis tombé sur un article relatant un évènement en lien avec mon grand-père!  Inespéré? hasard? C'est à ce moment-là que j'ai réalisé l'atout que pouvait représenter la presse ancienne dans les recherches généalogiques.
Ce n'est qu'un début...

La recherche sur le site meusien est intéressante mais longue car tout doit être feuilleté, page par page, en petits caractères.
C'est là que le site Gallica intervient.
Sur le site Gallica, les documents de la presse ancienne, en plus d'être mis à disposition, sont indexés : c'est-à-dire qu'en tapant le nom d'une personne dans le module de recherches, celui-ci vous indique les pages susceptibles de correspondre avec la personne recherchée.

Une méthode pourrait donc consister à rechercher tout d'abord via Gallica puis à étendre sur la période concernée sur les archives meusiennes.

Cependant, la recherche n'est pas si aisée. Même s'il est possible de restreindre sa recherche par support, pas période, par auteur, etc...la recherche d'un ancêtre s'avère longue et pas forcément en lien avec votre but premier.
C'est là que la sérendipité intervient ; car si l'ont veut bien se donner un peu de temps, on peut découvrir des évènements insoupçonnés en lien avec nos ancêtres.
Que trouve-t-on dans la presse? des évènements de la vie de tous les jours qui donnent vie et montrent le quotidien de nos ancêtres! Bref, tout ce que je recherche.

Pour illustrer mes propos, je vous donner quelques exemples ci-dessous.

Recherches sur mon ancêtre Appoline ARNOULD

Le but dans une généalogie étant de retrouver ceux dont on n'a plus la trace, j'ai décidé de taper les prénom et nom de l'arrière grand-mère de mon grand-père, à savoir : Appoline ARNOULD.
Appoline est née à Fréméréville en 1836. Mariée à Ferdinand PETIT, celui-ci la laisse veuve en 1883 à Lérouville, toujours dans la Meuse.
Sur les recensements mis en ligne sur le site des archives départementales, je la retrouve à Lérouville en 1891. Les recensements suivants sont ceux de 1926 et elle n'est plus inscrite à cette période.
J'avais bien écrit à la mairie de Lérouville qui m'a répondu qu'Appoline n'était pas décédée dans cette commune. J'avais recherché dans les communes alentours avec la limite de 1902, sans succès.

Pour revenir à ma recherche, une myriade de réponses m'est alors proposée mais je décidais de suite, de restreindre au XXème siècle, à la presse...
Après quelques minutes de lecture, c'est là que Gallica me propose une Appoline Arnoud veuve.
Il me renvoie alors au Bulletin Meusien du 10 décembre 1914 évoquant une liste d'adresses...?!
AD55 - Le Bulletin Meusien 1914 page 8/15 Cote 95T

Sur le paragraphe "Lérouville", est indiqué que Mme Appoline Arnoud, veuve, se trouve désormais à Euville...!

AD55 - Le Bulletin Meusien 1914 page 8/15 Cote 95T

Quid de cette liste d'adresses?
Dès le début de la guerre, la Meuse est très affectée avec des bombardements, des morts civils, des déportés, et par voie de conséquence, des déplacements de population se réfugiant dans toute la France dans leur famille ou autre. En temps de guerre, sauve qui peut et la famille est le meilleur des refuges.
Le Bulletin Meusien avait donc pour vocation d'informer les meusiens de ceux restés au pays, et d'indiquer leur nouvelle résidence.

AD55 - Le Bulletin Meusien 1914 page 3/15 Cote 95T
 Pour moi, cette information est inespérée car elle m'apprend que :
- Appoline est toujours vivante en 1914,
- et qu'elle est probablement partie vivre chez son fils, mon ancêtre, Jean-Emile PETIT, charron aux carrières d'Euville, commune située après Commercy.
Je peux donc supposer qu'elle y est également décédée : information à confirmer avec la mairie d'Euville ; mairie qui n'a jamais voulu me communiquer de copies malgré la justification de mes liens de parenté, l'envoi d'enveloppes timbrés et ma proposition de rembourser les coûts de copie (je ne sais plus quoi faire...).

Recherches sur mon ancêtre Anne-Marie Éléonore DUMANOIS (dont j'ai déjà parlé ici)

Je savais qu'elle habitait Saint-Mihiel depuis au moins 1903, et qu'elle y est décédée en 1939.
En feuilletant les premières pages du Bulletin Meusien de 1914, dans la 2ème liste du Répertoire des adresses du une Mme Marie DUMANOIS, de Saint-Mihiel, est dite résidente à Nice...Est-ce la même?? Comment le savoir?
AD55 - Le Bulletin Meusien 1914 page 4/15 Cote 95T

En saisissant cette fois-ci, son nom de famille dans Gallica, elle est évoquée avec son mari, dans un article du Bulletin Meusien du 3 juin 1915 relatif à la liste des meusiens recherchés par leur famille.

J'y apprends que sa fille et son petit-fils, mon arrière grand-père, Marcel VIARD, la recherchent, elle et son mari!!
Gallica - Titre : Bulletin meusien : organe du Groupement fraternel des réfugiés et évacués meusiens - 1915/06/03 (N31) vue 3/4

Gallica - Titre : Bulletin meusien : organe du Groupement fraternel des réfugiés et évacués meusiens - 1915/06/03 (N31) vue 3/4
Je sais qu'ils ont survécu à cette guerre, mais où sont-ils passés...? à Nice, tranquillement au soleil...?
Peut-être le découvrirais-je si je prends le temps de feuilleter ce journal.
En tout cas, ces archives sont très enrichissantes.

D'ailleurs, c'est toujours en saisissant son nom dans Gallica, qu'elle est mentionnée, dans une affaire criminelle...

à suivre :-)

Outre cette liste de recherches de personnes, le bulletin Meusien nous mentionne la liste des morts au champ d'honneur et des civils tués suite aux bombardements, les civils déportés en Bohème, Autriche...des éléments poignants, choquants que je ne connaissais pas  et que j'essayerai d'évoquer dans un prochain article.

Comme toujours, n'hésitez pas à me laisser vos réactions et vos conseils.

samedi 9 novembre 2013

Eugène Préhau - Parti de Bourges le 18 octobre 1914 (1ère partie)

Parti de Bourges le 18 octobre 1914 : c'est par cette phrase que commence le carnet de guerre de mon arrière grand-père Eugène Jean-Baptise PREHAU, natif d'Ids-Saint-Roch et résidant à La Celle-Condé dans le département du Cher.

J'ai la chance, en effet, d'avoir trouvé le carnet où il relate les noms des communes qu'il a traversées pendant la guerre, entre 1914 et 1919.

Quelques mois avant, Eugène ne s'attendait sûrement pas à laisser son épouse, Marguerite BONNIN, qu'il avait épousé le 30 novembre 1912 à La Celle-Condé (Cher).

Eugène PREHAU et Marguerite BONNIN, mes arrières grands-parents - collection privée

Eugène était née le 26 janvier 1888 à Ids-Saint-Roch du mariage de Jean-Baptiste Préhau et Marie Froidefond.
Il était donc de la classe 1908, comme l'atteste son livret militaire, que j'ai aussi la chance de posséder.
L'armée, Eugène, il la connaissait déjà!
Son temps de service accompli dans l'armée active était d'un an, 10 mois et 24 jours très précisément.
Il était alors 1er canonnier conducteur.
Il a également accompli une période d'exercice dans le 1er régiment d'artillerie de campagne du 15 mai au 5 juin 1913 inclus.

Comme pour le bloggueur Sébastien Pissard, le livret militaire m'apprend beaucoup de choses sur mon arrière grand-père : son numéro de matricule (1363) et son apparence physique dont la description est pour le moins étonnante...
Yeux...jaunes, front...couvert, nez convexe, visage ovale, 1m69...
Livret militaire d'Eugène Jean-Baptiste PREHAU - collection privée

Il mentionne la période de guerre effectuée par Eugène : 
- Contre l'Allemagne le 3 août 1914, 
- terminé le 16/7/19!
= c'est-à-dire presque 5 ans.
Pendant tout ce temps, il fut éloigné de son épouse, mais aussi de sa fille!

Eh oui, 2 mois après son départ, une petite fille, Madeleine, est née le 26 décembre 1914 à La Celle-Condé.
Marguerite BONNIN et sa fille Madeleine PREHAU
Pendant 5 ans, Marguerite a élevé seule leur fille, chez ses parents Michel BONNIN et Marie-Louise DAOÜT.

...A suivre...


jeudi 7 novembre 2013

Les déboires et le quotidien des vicaires et des matrones de Mandres...

Bienvenue à Mandres-aux-Quatre-Tours, paroisse de Meurthe et Moselle (ancien département de la Meurthe avant 1870) à la lisière de la forêt de la Reine, et du département de la Meuse.
Entre côtes de Meuse et côtes de Moselle, nos aïeux lorrains voyageaient beaucoup de village en village.

Mandres n'est qu'un endroit de passage pour mes ancêtres PETIT, charrons de père en fils, mais comme une génération y est née, je me devais de m'y arrêter quelques instants.

C'est ce que je fis en cette fin de semaine de la Toussaint pour me remettre à la lecture de registres paroissiaux. Cela faisait fort longtemps que je n'étais pas retourné à la lecture de ces registres pour vérifier les sources et surtout y découvrir de nouvelles informations.
Les vicaires de Mandre(s) ne sont pas les plus loquaces mais certains commentaires valent le détour.

Aux lendemains d'Halloween et de la fête des Morts, les vicaire...ou curés... nous informent de temps en temps des causes de décès:

A Mandres, je demande donc le vicaire Choulasel :

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 

 "Lan mil sept cent quatre vingt trois le quinze
decembre a huit heures du soir, est morte a
l'age de soixante deux ans munie de l'extreme
onction n'ayant pu recevoir l'Eucharistie
a cause des vomissements ...francoise dorotée hormont
epouse de Mr Charles francois Charlot avocat au Parlement
residant à Mandre, et a été inhumée le dix sept
dans le cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies
ordinaires en presence de Mr L'abbé Charlot
son fils prête doyen de la communaute de St
Sébastien à Nancy de Mr Joseph Louis Charlot
son fils avocat à Nancy de Mr Francois Noël
son gendre avocat à Commercy
Choulasel Vic(aire) de Mandre"

Le vicaire Colby nous signale, quant à lui, les raisons d'une inhumation soudaine et accélérée:


Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 
"L'an mil sept cent quatre vingt neuf le onze novembre
à six heures du soir est décédée en cette paroisse
munie des sacrements agée de quarante six ans
Barbe Curien veuve de Claude Dieudonné vivant
cordonnier habitante de Mandre et pour cause de
putrefaction son corps a été inhumé le lendemain
à quatre heures du soir dans le cimetière du...
avec les cérémonies ordinaires par moi curé
soussigné en présence de Francois Dieudonné aubergiste
à Beaumont son beau frère et de Jean Pierre
Blansey laboureur à Beaumont son cousin
lesquels ont signé avec moi curé, lecture faite
et Claude Etienne Dieudonné son fils jeune garçon
demeurant à Mandre, lecture faite
Colby vic. de Mandre

...bon appétit...

Mandres : carrefour de l'Europe?

Au cours de ma lecture, je tombe sur l'acte d'inhumation suivant:

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 
"Lan Mil Sept Cent Soixante et douze le vingt huit janvier est décédé
en cette paroisse Antoine Maris agé dEnviron trente cinq ans Turc
convertis de la ville de Constantinople mandiant par le pays et a été
inhumé le même jour dans le cimetière de ce lieu avec les ceremonies
ordinaires en presence de Claude Dieudonné et d'Antoine picquot qui ons
signées avec moi signé sur lorriginal"
Pillement Curé de Mandre

Mais qu'est-il venu faire à Mandres...? avait-ill une épouse lorraine...?

Un prêtre réfractaire et réprimandé! La rigueur lorraine a sévit!

Lisant de la fin vers le début du registre, j'arrive sur la page de fin d'une année mentionnant la somme dûe par le curé de Mandres de l'époque, Me Joly

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 
 Il y a lieu de condamner Me Joly curé
de Mandre à dix livres d'amende pour
etre contrevenu aux arrets de reglement
concernant les actes de baptemes mariages
et sepulture ; n'ayant au surplus ausune
observation a faire sur l'acte de sepulture
du Sr Lombard
Georges des Aulnois


Il m'a suffit de tourner une page pour en connaître la raison (je n'ai pas retranscrit le tout mais seulement certains passages)

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 
 "Ce jourd'hui quatorze janvier mil sept cent quatre vingt dix
nous rené françois auguste Mallarmé conseiller assesseur civil et
criminel au baillage royal de pont a mousson commissaire en cette
part, en procedant a l'examen et verification des registres de la 
paroisse de Mandre aux quatre tours, beaumont et hamonville annexes
et dépendances de la ditte paroisse de Mandre, Relativement aux
différentes ordonnances, et notamment en exécution des arrets de reglement
du trois fevrier mil sept cent quarante sept, quinze juin mil sept 
soixante quatre, onze janvier mil sept cent soixante et qua
torze et du trois mai mil sept cent quatre vingt trois, qui prescrivent
les formalités à observer dans les rédaction des actes de baptême
mariage et sepulture, Nous aurions reconnu et trouvés plusieurs
actes des différents registres où le celebrant aurait contrevenu
à la teneur des arrets dont s'agit en s'ecartant à diverses fois, des
formalités prescrites : et d'abord dans l'acte de mariage.......l'age du futur n'est pas encore enoncé ni sur un ni sur l'autre registre, scavoir s'il est majeur ou mineur
2° sur l'un des registres......l'addition necessaire ecrite à la marge par renvoi
contenant ces mots (resisant à St Mihiel) se trouve signée du curé 
seul et non pas de tous ceux qui ont comparu audit acte..."
Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 
"finalement nous avons reconnü que tous les actes de l'un
des registres de l'annexe de hamonville n'éetaient pas ecrits de
suite et sans aucun blanc depuis les premier janvier jusqu'au
trente un decembre suivant, attendu que la page recto du 
feuillet premier dudit registre a été laissée en blanc pour les
deux tiers Au surplus avons reconnu les autres actes contenus et dits
registres conformes aux ordonnances et arrets cités, ordonnons en 
conséquence que le present proces verbal que nous avons dressés en
exécution des arrets dont s'agit sera remis es mains du procureur
du roÿ pour etre pris par lui les requisitions tendants à la peine
portée par les dittes ordonnances et arrets..."
Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 
"vü par nous le present procès verbal ensemble les conclusions
du procureur du roÿ, nous avons condamnés  ... joly curé de mandre
a dix livres d'aumone applicable au pain des prisoniers de cette
ville pour etre contrevenu aux arrets de reglement concernant les actes
de baptëme, mariage, et sepulture ordonné que la presnete soix
executée et signifiée a requete et diligence du procureur du roÿ
...la chambre du conseil de pont a mousson le dix fevrier
mil sept cent quatre vingt six"


Monsieur le curé de Joly n'a qu'à bien se tenir. C'est la première fois que je tombe sur ce genre de compte-rendu, et vous? Est-ce une spécificité lorraine? je ne pense pas...

Une matrone..., une!  élue par ses paires de Mandres...

Source: AD 54 Cote 5 Mi 342/R 2 1765/1832 

Cette fois-ci, la matrone n'est pas une ancêtre, mais pour faire plaisir à notre sorcière "généalogiquement notre" alias Lulu Sorcière, je fais état d'une élection de sage-femme dans la paroisse de Mandre en 1768 ; ainsi soit-il :

"Ce jourdhuy vingt et un fevrier mil sept cent soixante huit Marie Soulier
veuve de Nicolas Gilbert de cette paroisse agée de cinquante ans, a été elüe
dans Lassemblée des femmes à la pluralité des suffrages et a preté le serment
ordinaire entre mes mains conformement au rituel du diocese.
Pillement Curé de Mandre..."

Encore une, qui je l'espère, a bien été formée à sa future mission...