samedi 1 décembre 2012

L'importance du conseil de famille

Cet article vient en écho à celui de Véronique Tison concernant "la justice gracieuse, dans l'intimité des familles"paru dans la dernière Revue Française de Généalogie (n°202).

Les archives judiciaires se trouvent être de formidables sources de compréhension de la vie de nos ancêtres. Elles permettent d'appréhender leur vie quotidienne, aspect qui ne transparaît pas forcément dans les registres paroissiaux.

Qu'est devenu un enfant en bas âge après la mort de ses parents?
Comment subsiste-t-il?
Le mariage, moyen de subsistance?

C'est avec un cas pratique concernant une de mes ancêtres, Julienne DEVOT, que je vais donner un petit aperçu de l'intérêt des archives judiciaires, et notamment du conseil de famille.
C'est lors de la recherche, aux Archives Départementales du Cher,  de son contrat de mariage avec son premier époux, que j'ai découvert un extrait du dernier conseil de famille.

Même si, comme l'indique Véronique Tison, "au XIXè siècle, l'intérêt du document permet surtout de renseigner sur les relations au sein de la famille", il permet également de connaître le patrimoine du mineur protégé, et des raisons de la tenue du conseil de famille.

Présentation familiale

Julienne Silvine DEVOT fait partie de mes ancêtres maternels. 

Elle est née le lundi 17 avril 1843 à Nançay, belle petite commune solognote du département du Cher, dans le lieu-dit de Cissin.
Elle est la fille de Pierre DEVOT, manoeuvre de profession, originaire également de Nançay, et de Silvine RIVIERE, originaire de Selles-Saint-Denis (Loir et Cher).

A l'âge de 18 mois, Julienne devient orpheline de mère ; sa mère Silvine décédant à l'âge de 34 ans.
Son père, Pierre, décède à son tour à l'âge de 42 ans.

Ainsi, Julienne se retrouve orpheline à l'âge de 6 ans, avec son grand-frère Pierre, lui âgé de 11 ans.

Après le décès des parents, se tenait normalement un conseil de famille pour attribuer un tuteur à l'enfant. Celui-ci était désigné dans son entourage.

Jusqu'à son mariage, je n'ai pas d'informations sur la vie de Julienne.
Les premiers conseils de famille doivent être une mine d'informations : documents à rechercher lors d'une prochaine visite aux archives départementales du Cher!

Le contrat de mariage de Julienne DEVOT 
avec Pierre CHEVALIER (dénommé aussi Antoine CHEVALLIER)
 
17 mai 1863
Par devant Me Etienne POIRIER et son collègue, notaires à Vierzon, soussignés,

Ont comparu,

Le sieur Antoine Chevallier, journalier, demeurant au bourg de Neuvy sur Barangeon, fils majeur de Pierre Antoine Chevallier et de Marie Ridée; Stipulant pour lui et en son nom personnel,
d'une part,

Juliette Sylvine DEVAUX, domestique au grand chavanon chez le sieur Milet, fille mineure de Pierre Devaux et de Sylvine Rivière, l'un et l'autre décédés, stipulant aussi pour elle et en son nom personnel sous l'assistance et autorisation de sieur Gimault, son tuteur ad hoc ci-après intervenant,
d'autre part,

et le sieur Thomas Gimault, journalier, demeurant aux Landes, commune de Nançay, canton de Vierzon,
stipulant au nom et comme tuteur ad hoc de la dite mineure devaux, et ayant mandat spécial du conseil de famille de la dite mineure à l'effet des présentes, suivant procès verbal de Mr le premier suppléant de Mr le juge de paix du canton de Vierzon en date du seize mai, mois courant, enregistré;

Etant observé qu'aux termes de ce procès verbal, le conseil de famille de la dite mineure Devaux a approuvé les conditions ci-après exprimées du présent contrat, qui ont été proposées audit conseil par le sieur Gimault susnommé, et qui sont spécialement indiquées en termes formels au susdit procès-verbal, dont (…) ci annexée,
encore d'autre part,

Lesquels, dans la vue du mariage projeté entre les dits Chevallier et Juliette Sylvine Devaux, susnommés, en ont arrêté les clauses et conditions civiles, ainsi qu'il suit:

art. 1Er Il y aura entre les futurs époux communauté de biens meubles et conquêts immeubles conformément aux dispositions du code civil, sauf les exceptions et modifications si-après,
art 2 Les futurs époux seront séparés de dettes présentes et à venir;
art 3 Le futur se constitue personnellement en dot la somme de six cents francs provenant de ses gains et économies;
plus ses droits dans la succession de feu son père, lesquels ne sont pas encore liquidés,

art 3 bis: la future épouse se constitue aussi personnellement en dot, tous ses droits dans les successions des son père et dont le sieur Gimault, susnommé, son tuteur lui est comptable. Elle déclare que ses droits peuvent s'élever à mille francs environ.
Desquels apports les futurs se sont donnés réciproquement connaissance.

Art 4 Les futurs ne font aucune mise en communauté et se réservent, respectivement propres tout ce qui leur appartient actuellement, ensemble tout ce qui viendra à leur échoir à titre gratuit pendant la communauté
art 5 Le survivant des futurs époux prendra avant tout partage de la communauté les habits, linge et hordes à son usage personnel et un lit complet et (…)

art 6 suivant la dissolution de la communauté la future épouse ou ses héritiers pourront (…) reprendre tout ce qu'elle aura apporté au mariage, ensemble tout ce qui lui sera échu à titre gratuit, pendant la communauté, même le préciput ci-dessus stipulé si c'est elle qui (survit, le tout franc et quitte des dettes et charges de la communauté.

Telles sont les conventions des parties

Fait et passé à Vierzon, étude, l'an dix huit cent soixante trois le vingt sept mai
avant de clore & conformément à la loi, Me Poirier, l'un des notaires soussignés, a donné lecture aux parties des art. 1391 et 1394 du code civil & leur a délivré le certificat p... pour être remis à l'officier de l'état civil avant la célébration du mariage.

La lecture faite, les notaires ont signé, (…) aux parties, elles ont déclaré ne le savoir, ce ce requises.

Burdel
Poirier

Le contrat de mariage m'apprend plusieurs choses:
1) Il me permet de savoir que Julienne était domestique (comme souvent à l'époque) avant le mariage et de connaître le nom de son patron.
2) J'apprends l'existence d'un conseil de famille (extraits ci-après) et le nom de son tuteur,
3) Il indique le patrimoine des époux et cela permet de voir que l'épouse semble mieux "lotie" que l'époux à la seule vue du contrat de mariage.



Le contenu et la décision du conseil de famille

Subrogé tutelle et autorisation à mariage à la mineure Sylvine devaux

Extrait des minutes du greffe de la justice de paix du canton de Vierzon (Cher)

L'an mil huit cent soixante trois, le seize mai, devant nous Etienne Poirier premier suppléant de la justice de paix du canton de Vierzon était assisté d'Emile (…) Chicaud notre greffier et faisant pour M. le juge de paix empêché

a comparu
Thomas Gimault journalier demeurant à Nançay
agissant au nom et comme tuteur datif de Juliette Sylvine Devaux âgée de vingt ans née du légitime mariage d'entre Pierre Devaux et de Sylvine Rivière tous les deux décédés à Nançay fonction à laquelle il a été nommé suivant délibération du conseil de famille de la dite mineure tenue et présidée par monsieur le juge de paix du canton de Vierzon en date du courant de mars mil huit cent quarante huit.

Lequel nous a exposé que Joseph Valot subrogé tuteur de la dite mineure Devaux est décédé dans le courant de l'année mil huit cent soixante un, que cette dernière se trouve aujourd'hui sans subrogé tuteur et qu'il y a lieu de lui en nommer un nouveau ; qu'il se présente pour sa pupille un établissement avantageux en la personne d'Antoine Chevallier journalier et propriétaire demeurant à Neuvy sur Barangeon, que la dot de sa pupille s'élève à mille francs montant des successions de ses père et mère que la dot du futur époux consiste:

1° dans les droits indivis de la moitié d'une maison sise à Neuvy sur Barangeon et d'environ seize ares de jardin aussi situé à Neuvy sur Barangeon
2° et dans la somme de six cents francs lui provenant de ses économies,

que le mariage est proposé sous le régime de la communauté de biens régie par le Code Napoléon réduite aux acquêts.
Que le survivant des époux prendra avant tout partage de la communauté les habits linge et hardes1 à son usage personnel et un lit complet et garni;
que la future ou ses héritiers pourront en renonçant à la communauté reprendre tout ce qu'elle aura apporté au mariage ensemble tout ce qui lui sera échu à titre gratuit pendant la communauté même le préciput ci dessus stipulé si c'est elle qui survit, le tout franc et quitte des dettes de la communauté.
Pourquoi le comparant a réuni le conseil de famille de sa pupille lequel conseil il requiert de nommer un nouveau subrogé tuteur à la dite mineure et de donner son consentement au mariage proposé.
Et a le comparant déclaré ne savoir écrire ni signer de ce requis après lecture et s'est retiré,

sont ensuite comparus:
1èrement pour composer la ligne paternelle:
1° Jean Martin Pavois cultivateur demeurant à la petite grêlerie commune de Vouzeron cousin issu de germain à la mineure à cause de Anne Gimault sa femme,
2° François Coladan cultivateur demeurant à la grande grêlerie commune de Vouzeron
3° Pierre Beaudon journalier demeurant à Sange commune de Nançay tous les deux amis dans cette ligne à défaut de parents dans la distance voulue par la loi

2èmement pour composer la ligne maternelle:
1° jean baptiste Valot journalier demeurant à nançay, cousin issu de germain de la mineure
2° Jean Labbé propriétaire demeurant au petit Sange commune de Nançay cousin de la mineure
3° Joseph Vaslin journalier demeurant à la Bretonnière commune de Theillay (Loir et Cher) ami de la mineure à défaut de parents dans cette ligne

Le conseil de famille ainsi réuni sous notre présidence après en avoir délibéré conjointement avec nous a déclaré à l'unanimité qu'il nomme pour subrogé-tuteur à la mineure Juliette Sylvine Devaux la personne de jean Labé son cousin dans la ligne maternelle lequel a déclaré accepter cette fonction et a déclaré la remplir avec exactitude.
Le conseil de famille délibérant de nouveau en ce qui touche le mariage proposé considère que Antoine Chevallier est un parti avantageux pour la mineure Devaux après avoir mûrement réfléchi conjointement avec nous sur les conditions de ce mariage futur,
le dit conseil a arrêté que les propositions annoncées par Thomas Gimault tuteur de la mineure Devaux et son cousin issu de germain du côté paternel sont et demeurent approuvées et qu'en conséquence il consent au mariage de cette dernière avec le dit sieur Chevallier Antoine,
le dit tuteur à passer le contrat de mariage et a y consentir pour le conseil de famille, lui donnant tous pouvoirs à cet égard de même qu'à représenter la mineure devant l'autorité civile et religieuse, à l'effet de quoi il sera délivré expédition des présentes,
Fait en conseil de famille en notre domicile sis à Vierzon les jour, mois et an que dessus
Et après lecture faite les délibérants ont déclaré ne savoir écrire ni signer de ce requis à l'exception du sieur Labé qui a signé avec nous et notre greffier.

Enregistré à Vierzon le dix neuf mai mil huit cent soixante trois.
1Hardes : vêtements usagés et misérables (Larousse).
2 Tuteur datif: choisit par le conseil de famille

Ce document m'a permis tout d'abord de découvrir les archives de la justice de paix, et le mécanisme du conseil de famille.
La fonction de tuteur n'était pas réellement choisie et constituait une charge pour nos ancêtres, voire un fardeau (cf. article très intéressant "Histoire et Généalogie" en 2001 sur ce sujet).

Ensuite, je me suis pris au jeu de reconstituer le cercle familiale en fonction des personnes et liens évoqués.
Cela m'a permis de reconstituer des branches familiales.
Il est intéressant de voir que les oncles et tantes proches ne sont pas ceux qui sont devenus tuteurs ; peut-être avaient-ils déjà trop de bouches à nourrir...?

- Thomas Gimault, est en fait Thomas Jumeau! problème de transcription...?!
Il est un cousin issu de germains de l'épouse, du côté paternel.
Il était le déclarant du décès de Silvine Rivière, mère de Julienne.
Il est né le 6/11/1818 à Nançay, fils de Pierre Jumeau et Madeleine Richard ; Pierre Jumeau, lui-même fils de Louis Jumeau et Jeanne Pinceste : arrière grand-parents de Julienne.

- Joseph VALOT, ancien tuteur, était le cousin de la mère à Julienne, Silvine RIVIERE.
Il était né le 20/01/1820 à Nançay et fils de Silvain Valot et d'Agathe Rivière.
Agathe Rivière, elle-même fille de Jean Rivière et Gabrielle Rafinat, arrière grand-parents maternels de Julienne DEVOT.
Pierre DEVOT était d'ailleurs son témoin de mariage.

- Jean-Martin PIVOIS est l'époux de Marguerite JUMEAU, soeur du tuteur, Thomas JUMEAU (Gimault), et donc cousin par alliance.

- Jean-Baptiste VALOT, est le frère de l'ancien tuteur, et donc cousin du côté maternel.

- Jean LABBE, est cousin de l'épouse, à cause de son épouse Madeleine SALINIER, qu'il a épousé à Selles-Saint-Denis en 1817.
Madeleine Salinier est la fille de François SALINIER et Madeleine DAVIS, elle-même fille de Jacques DAVIS et Magdeleine PINAULT, arrières arrières grand-parents de Julienne.

Un mariage arrangé...?

Julienne a-t-elle rencontré Pierre Chevalier (dit Antoine) d'elle-même ou lui a-t-ton présenté?
Je pense qu'au vu de la lecture de l'extrait du dernier conseil de famille, l'un et l'autre avaient tout intérêt à se rencontrer, patrimonialement parlant!

Julienne était propriétaire de la moitié d'une maison et Pierre, en attente de succession.
C'était surtout une occasion rêvé pour Julienne de s'extirper des décisions du conseil de famille, même si l'épouse ne pouvait disposer personnellement de son patrimoine.


Retrouver les anciens conseils de famille me permettrait d'en connaître un peu plus sur la vie de Julienne et peut-être aussi sur la mort de ses parents.
Tout ceci m'encourage à explorer davantage les archives judiciaires dans le futur.




Sources:
- Archives départementales du Cher
- Registres18nord: site de dépouillement de l'état civil du nord du Cher
- Benevolat AD 41 Dépouillement de tables et actes d'état-civil ou de registres paroissiaux
- Archives départementales en ligne du Loir et Cher : Culture41





jeudi 1 novembre 2012

Mariages concomitants des enfants et des beaux-parents en Berry

C'est en reprenant mon travail de dépouillement que j'ai fait une nouvelle découverte de mariage "multiple"?!
Grâce au site de dépouillement en ligne des registres paroissiaux du sud du Cher, genlucie, j'avais "accumulé" des copies de registres mais que je n'avais toujours pas intégrées dans mon logiciel (Heredis Mac pour les curieux :-).

J'avais un acte de mariage de mes ancêtres directs Etienne ROGER et Marie Anne ROLLAND qui se sont mariés dans la commune d'Ids-Saint-Roch (18) le 22 mai 1764.
Comme souvent, le prêtre de la paroisse, marie, le même jour, plusieurs couples ; ce qui est le cas ici.
Je me concentre donc sur le couple qui m'intéresse.

Sauf qu'en y regardant de plus près (il faut toujours lire intégralement, y compris les témoins, signatures...), je m'aperçois que les premiers mariés mentionnés dans l'acte de mariage se trouvent être le père du marié et la mère de l'épouse.

Ce n'est pas la première fois que je me trouve face à une telle situation (cf. mon article du 10 juin 2012 "ancêtres berrichons et familles recomposées").

Les épousailles des enfants étaient vraiment l'occasion pour les parents veufs de se trouver un nouveau conjoint, j'ai l'impression...

Ce phénomène est-il propre à la province de Berry?

N'hésitez pas à me laisser vos commentaires et remarques.


Pour finir sur une note musicale, ci-dessous les paroles de la chanson "Les épouseux du Berry"
Au pays du Berry
Quand une fillette
A fixé son choix oui da
Sur un épouseux
Les parents, les amis en habits de fête
Viennent précédés, oui da,
D'un cornemuseux,
Oh! eh ! oh ! eh !
Et l'on donne à la fillette
Un mai garni de rubans
Oh! eh! oh! eh!
Que l'on plante devant sa porte
Comme emblème des galants

{Refrain :}

Ah !
Et tour à tour,
Au son de la cornemuse
L'on rit, l'on s'amuse,
L'on danse jusqu'au jour !
Et tour à tour,
Au son de la cornemuse
L'on rit, l'on s'amuse,
L'on danse jusqu'au jour !
Tra la la la la la...

Le plus vieux du pays

Offre à la fillette
Quenouille de lin, oui da
Et de chanvre fin !
Puis un autre, un louis d'or
Pour faire l'emplette
D'un beau tablier, oui da
Et d'un casaquin.
Oh eh oh eh,
Puis un autre la couronne
Et le bouquet d'oranger
Oh eh oh eh
Enfin l'épouseux lui donne
L'anneau qui doit l'engager.

{au Refrain}


Devant tous, l'épouseux

Dit à la fillette :
"Voulez-vous de moi, oui da
Pour votre mari
Répondez par un mot ?"
Et baissant la tête
La fillette tout bas, oui da
Répond par un
Oh eh oh eh,
Et les parents de la fille
Disent alors au garçon :
Oh eh oh eh
Vous êtes de la famille
Embrassez-vous sans façon !

Ah !

Et jusqu'au jour
L'épouseux et l'épousée
Avec chacun tour à tour
Dansent la bourrée
Et tour à tour
Au son de la cornemuse
Chansons et bourrée
Durent durent jusqu'au jour !

samedi 15 septembre 2012

Visite du nouveau site des Archives Nationales à Pierrefitte sur Seine

Journées européennes du patrimoine 

Le nouveau site de Pierrefitte sur Seine consacré pour recevoir les archives postérieures à 1789 a ouvert ses portes pour les "JEP" 2012.
Un  lieu encore vide à première vue mais un bâtiment qui ne manque pas de séduire par son architecture.
Le site se démarque par son ampleur, son originalité, ses fenêtres ovales, sa façade en acier, ses bassins d'eau, le tout au milieu des 3 communes que sont Stains, Pierrefitte et Saint Denis, dans un quartier qui devrait en profiter je l'espère (des nouvelles lignes de tramway vont bientôt être inaugurées à quelques encablures du monument!).

Un certain gigantisme se dégage à première vue.

Une chance: il faisait beau et donc plus agréable d'admirer le résultat.

Tout de suite, on remarque les bassins, future source de zénitude pour les chercheurs et les archivistes...?:-p


Je suis arrivé à peine avant 14h30 mais il était déjà trop tard pour effectuer la visite guidée dans l'après-midi. Et pourtant, le site venait juste d'ouvrir à 14h00...pointe de déception.
Ce n'est que parti remise pour 2013!

Cependant, ouf...un film était projeté dans un auditorium (assez grand d'ailleurs!) présentant l'historique du projet.

Le documentaire a retracé l'origine du projet et les craintes des anciens directeurs des archives, voyant l'accumulation des archives et le manque de place.
Une décision fût prise d'installer le futur site à Pierrefitte tout en gardant celui de Fontainebleau...écartant l'idée d'un regroupement des archives.
Le film relate le concours de maîtrise d'oeuvre attribué à Massimilano Fuksas, l'association des amis des archives et le soutien de René Rémond, les quelques années d'envasement du projet.


Puis le projet revient sur le devant de la scène avec Jacques Chirac.

La première pierre est enfin posée en 2009.

Le documentaire fait également état des travaux de dépoussiérage des documents transférés et notamment des boîtes contenant les lois de la 1ère République.
Agnès Magnien, directrice des archives nationales, y a enfin rappelé que les archives notariales restaient à Paris, ainsi que le musée.

La visite du lieu était ponctuée d'une exposition chronologique des travaux de construction, conçue et commandée à Gilles Raynaldy.

Comme je n'ai pu faire la visite guidée, je me suis "vengé" en prenant des photos du bâtiment :-)


Le nouveau site ouvrira ses portes en janvier 2013.

RDV l'année prochaine quand les archivistes seront installés.



jeudi 13 septembre 2012

Le mystère Catherine Monet...

Encore une ancêtre qui laisse plein de questions en suspens...
J'aimerai vraiment en savoir plus sur son parcours.

Catherine, vosgienne de Raon l'Etape

Catherine est née à Raon l'Etape le vendredi 12 février 1773 et baptisée le lendemain, du mariage de Pierre MONET et Catherine MANGEARD.

Source: site Internet des AD 88
Son père, Pierre, était ouvrier dans une scierie à eau de Raon l'Etape, scieries qui se sont développées dans cette commune au confluent de la Plaine et de la Meurthe, en contrebas des Vosges.

Dans sa 6ème année, sa mère Catherine Mangeard décède, laissant également 2 fils orphelins de mère.
Pierre Monet se remarie alors en août 1778 à Anne Margueritte George à Raon L'Etape.

Dix ans plus tard, en 1788, c'est au tour de Pierre Monet de décéder et de laisser les enfants orphelins avec leur belle-mère.
Que devient Catherine?


Son mariage dans la Meuse

Elle réapparaît alors le 25 brumaire de l'an VI (15 novembre 1797) dans l'acte de mariage qui l'unit à Nicolas MORISOT, marchand boucher de Rigny la Salle, département de la Meuse.


Nicolas est alors déjà veuf d'Elisabeth Guillaume et divorcé de Jeanne Thiebaut (la raison du divorce restant à découvrir...) et est de 19 ans son ainé.
Catherine est elle âgé de 25 ans à l'époque, et était sa domestique, et a accouché d'ores et déjà d'un fils, François.

Pourquoi Rigny la Salle?

A son mariage, son témoin est François LECAPé, son oncle, aubergiste de la commune de Vaucouleurs et qui était le mari de Marie Anne Mangeard, tante maternelle de Catherine.

A sa majorité et aux lendemains de la Révolution, Catherine a sûrement rejoint sa tante maternelle pour y trouver refuge et travail.

La noyade de son époux

Cet épisode, déja traité dans un précédent post, fait ressurgir Catherine qui est témoin dans l'acte de décès de Nicolas Morisot du 13 fructidor an VII, qui s'est noyé au retour d'un jour de foire.
Catherine se retrouve ainsi veuve avec 1 fils en bas âge, et enceinte de mon ancêtre Auguste MORISOT, qui naîtra le 18 plûviose an VIII.

Est-elle restée seule, s'est-elle remariée...? Aucune piste.

C'est là que s'arrête la dernière trace de Catherine....jusqu'à...

Son décès dans les Pyrénées...sous un faux nom!

 Son fils et mon ancêtre Auguste Morisot, devenu tailleur d'habits à Rigny la Salle, se marie le 21 février 1828 à Barbe FILIER.

Dans l'acte de mariage, est évoqué son père, Nicolas, et bien évidemment sa mère Catherine, qui est dite décédée, à Nay, département des Basses Pyrénées.
L'officier d'état civil précise que Catherine est enregistrée dans les actes de décès de cette commune sous le nom de SENVILLE (ou Seuville) au lieu de son propre nom qui est Monet.


Pourquoi est-elle décédée si loin de son domicile? et surtout sous un faux nom?
Etait-elle recherchée?

Si quelqu'un a une piste de recherche, elle est la bienvenue! :)





vendredi 7 septembre 2012

Fin des égarrements, reprise des recherches! par courrier...

Après quelques vacances...
...la reprise du travail...
... il est temps de reprendre sérieusement les recherches :-)

J'étais bien assidu à la veille généalogique et la rentrée fût bien fournie à ce sujet :
  • nouveaux blogs (rhit généalogie - http://www.rhit-genealogie.fr), 
  • nouveaux rdv hebdomadaires de La gazette des ancêtres sur la généalogie et la technologie : http://lagazettedesancetres.blogspot.fr/2012/09/genealogie-et-technologie-la-revue-web.html
Cependant, pas de nouveaux messages postés de ma part sur mon blog.

Malgré tout, j'avais entamé un travail de recherche: en regardant mon arbre, je me suis dit "c'est bien de remonter certaines branches, mais as-tu les infos complètes sur les ancêtres qui te sont proches" : bien entendu, non!

Les informations manquantes sur ces ascendants étaient surtout relatives à leur décès, car ayant eu lieu après 1902 en général, je ne pouvais les trouver sur la plupart des archives en ligne.

Que faire? regarder sur généanet? Oui, mais s'agissant d'ascendants assez proches (aïeux ou arrières grand-parents de mes grand-parents), je ne disposais pas de cousins généalogiques descendants de ces mêmes ancêtres.

Ne pouvant aller consulter en mairie directement, m'est venue l'idée : "mais pourquoi ne pas refaire la bonne vieille technique d'antan (:-)! = écrire à ces chers messieurs les maires pour obtenir une copie des actes d'état civil".

Lorsque j'ai commencé ma généalogie vers 15/16 ans avec mes grand-parents, c'était un des seuls moyens d'obtenir des informations lorsqu'on habitait pas la région...(excepté aller directement au service des archives départementales concernées).

Donc me voilà sélectionnant les informations manquantes et rédigeant mes 3 lettres.
A ce jour, les 3 mairies concernées m'ont répondu pour des demandes envoyées le 20 août.


Première réponse: Ville de Paris

La première réponse reçue concernait l'acte de mariage de mes arrière grand-parents, Eugène Petit et Fernande Gaillet qui s'étaient mariés en 1919 à Paris.
Pour cette demande, je n'ai pas adressé un courrier classique. Je me souvenais, en effet, via le site "service-public.fr" qu'il était dorénavant possible d'obtenir un acte d'état civil via ce site ou celui de la ville concerné.
La ville dispose d'un espace dédié à la demande d'acte d'état civil. Après avoir rempli les infos nécessaires à l'obtention non pas d'un extrait, mais d'une copie (nom et dates de naissance des époux), j'ai reçu un mail m'informant du traitement de la demande et un autre m'indiquant l'envoi de la copie à mon domicile.
Je disposais auparavant que d'une partie de l'acte ; il me manquait la 2ème page détaillant les témoins, ainsi que les signatures.
J'ai bien reçu la copie entière comme prévu.

Et bien sûr, toujours aussi ravi de recevoir une lettre, curieux d'avance d'en connaître le contenu.

2ème réponse: Mairie d'Euville (Meuse)

Après cette première réponse, mon impatience s'accrut et je finis par recevoir la 2ème réponse de la mairie d'Euville.
Je n'avais pas forcément un bon a priori sur la réponse, me souvenant des problèmes à obtenir des documents. En effet, je n'ai jamais pu obtenir les actes de naissance de mes grand-parents, et l'acte de mariage de mes arrières grand-parents mariés en 1919!
Et pourtant! Même si normalement, on ne pouvait pas communiquer d'actes datant de moins de 100 ans, j'avais toujours cru qu'il était possible d'obtenir des copies en prouvant la filiation directe avec ces personnes, chose faite à chaque demande.
Quinze ans après, je me suis dit: "pourquoi pas retenter?" et en profiter pour demander si 2 ancêtres directs n'étaient pas éventuellement décédés dans cette commune.
La réponse fût pour le moins déconcertante et j'en montre une copie délibérément.


J'avais tout d'abord demandé si 2 ancêtres auraient pu être présentes sur les registres après certaines dates. Je suppose que dans ce cas, la personne en charge de l'état civil examine les tables décennales et voit en peu de temps la présence ou non des personnes concernées.
A cela, la mairie me répond, a priori, sur l'année concernée, et non sur la période postérieure : je ne sais pas en fait si la recherche a été faite ou non après, mystère...

Le pire, c'est que pour l'acte de mariage de mes grand-parents, j'avais vraiment donné toutes les infos sur les noms de leurs parents, lieux et dates de naissance, pensant que cette fois- ci j'allais enfin recevoir la copie de l'acte...mais non! Je reçois un extrait avec filiation mais qui fait office de copie pour la mairie...je ne comprends plus...quelle frustration! Je pense que le seul moyen d'obtenir une réponse et d'aller directement en mairie.

Je suppose donc qu'il n'est pas possible d'avoir une copie même en étant un descendant direct...

3ème et dernière réponse:
Je viens de recevoir aujourd'hui la réponse.
Ma requête était le décès d'une ancêtre directe après 1926 dans la commune de Montlouis (Cher).
La réponse a mis plus de temps à venir (rentrée oblige) mais j'ai reçu la copie de l'acte de décès comme demandé...


J'avais envie de partager cette expérience pour montrer que certaines mairies peuvent être réticentes, toujours à l'heure actuelle, à communiquer certains documents.
Je tiens à préciser qu'à chaque envoi, j'insérais avec ma demande une enveloppe timbrée de retour.

En tout cas, j'ai pu observer la même impatience que j'avais lorsque j'ai commencé la généalogie: l'attente de la réponse et l'empressement d'ouvrir le courrier pour en connaître le contenu :-)

N'hésitez pas à déposer vos commentaires et me laisser vos observations.

Bonne rentrée généalogique à tous,

Benoît



mardi 28 août 2012

Sabordage de Toulon 1942 : mise en ligne des photos de mon grand-père












Croiseurs - Algérie au fond

Croiseur FOCH







J'ai numérisé ces photos du sabordage de Toulon en 1942, que mon grand-père avait prises ou recueillies, car tout d'abord il en parlait assez souvent, mais aussi dans le but qu'elles servent à un historien par exemple.

dimanche 10 juin 2012

Ancêtres berrichons et familles recomposées


Dans la branche de ma grand-mère maternelle, originaire du Boischaut (région partagée entre le sud du Cher et le sud de l'Indre), j'ai pu constater maintes fois les remariages et la constitution de familles recomposées.

Le Boischaut se situe entre la Brenne et Saint Amand-Montrond dans le Cher, et comprend les villes de La Châtre, Le Châtelet, Lignières, Chateaumeillant notamment....

Je ne parle pas simplement ici de remariages qui avaient pour but d'élever les enfants du ou des premiers lits principalement, mais de remariages entre personnes de "même" famille. Je veux dire par là, beau-père d'un époux avec belle-mère de l'épouse, bref avec des personnes avec qui des "affinités" existaient déjà.

Cette situation, je l'ai remarqué surtout pour mes ancêtres berrichons, pour qui, sans doute, la facilité et la proximité géographique constituaient le remède.

Le Boischaut est constitué d'une multitude de lieux-dits et une famille pouvait s'y maintenir dans un hameau pendant plusieurs générations.

Je ne sais pas quelle était la solidarité familiale et quelles étaient les rapports entre les enfants et leurs beaux-parents, mais je me suis aperçu qu'un tissu familial assez complexe était présent au XVIII ème siècle notamment ; complexe pour moi qui le voit de l'extérieur.

L'idée de cet article m'est venu avec les deux exemples ci-dessous:
  
Marie DESCLOUDS se marie le 21 janvier 1766 à Ids Saint Roch (18) 
le même jour que son beau-père Simon POUMIER 

Page extraite du dépouillement et des relevés des registres paroissiaux effectués par les bénévoles du site registres18.fr et surtout de genlucie.free.fr

C'est en lisant l'acte de mariage de Marie Desclouds ses derniers jours que je me suis aperçu du lien qui pouvait exister entre les différents mariés indiqués dans l'acte de mariage.
En effet, comme la plupart des curés du XVIIIème siècle, un acte de mariage pouvait relater les épousailles de plusieurs couples en même temps, jusqu'à 5 quelquefois.

Le jour du 21 janvier 1766, se mariaient alors:
- Simon POUMIER et Marie BONNET,
- François BENON et Marie DESCLOUDS.

Simon Poumier est alors dit veuf de Marie Aurouë, qui se trouve être la mère de l'épouse Marie Desclouds qui se marie plus bas.
Marie DESCLOUDS est la fille de Jean DESCLOUDS et Marie AUROUé.
Jean le père est décédé avant 1752, année à laquelle sa mère Marie a épousé à Ids Saint Roch Simon POUMIER ; Marie avait alors 5 ans.
Marie Auroué décède le 15 février 1764 à Ids Saint Roch et laisse Simon POUMIER avec une multitude d'enfants, notamment issu du premier lit avec Jean Desclouds.
extrait Base ROGLO - recoupement des individus présents sur genlucie.free.fr
Pourquoi Simon Poumier s'est-il remarié le même jour que sa belle-fille, ou plutôt devrait-on dire sa fille car c'est lui qui l'a élevé? Pour éviter des épousailles plus coûteuses? En tout cas, cela ne semblait pas déranger sa "fille".

D'autre part, je me suis aperçu également que Simon POUMIER se mariait avec la belle-soeur de François BENON son beau-fils. En effet, Marie Bonnet était veuve du frère de François BENON.
Que ce monde est petit, voire très petit...
Bref, les relations familiales étaient très importantes pour se trouver un conjoint.

Encore un autre exemple de mariage "facilité" par la proximité:


Mariage de Genest AUPERT et Marie GALANT le 17 juin 1760 à Saint Maur (18) 
ou le mariage des beaux-parents
Page extraite du dépouillement et des relevés des registres paroissiaux effectués par les bénévoles du site registres18.fr et surtout de genlucie.free.fr
Autre exemple ici, mais qui n'est pas le seul je crois, la mère d'un ancêtre a épousé son beau-père, c'est à dire le père de son épouse.
Marie GALANT était veuve de Marien MATRAT , et Genest AUPERT, veuf de Catherine MONTAGNIER.
Marie Galant, mère de Pierre Matrat, lui-même époux de Jeanne Aupert, fille de Genest.

La mère et le beau-père étant veufs, ils ont décidé de se marier.
Ci-dessous une visualisation sur mon logiciel.



La conclusion de cet article est peut-être que la pression familiale et la promiscuité géographique jouaient une grande importance dans la vie de l'individu et dans ses choix quotidiens.

Si quelqu'un a des articles à ce sujet, ou des observations, n'hésitez pas à me les communiquer.

Bon dimanche





lundi 21 mai 2012

Mais où sont les pères?

Ci-dessous une remarque du curé de Badonviller à la fin du registre des baptêmes de l'année 1775.
"j'ai exhorté plusieurs fois les pères à être présents au moment de l'acte de baptême de leurs enfant, ils l'ont constamment négligé"!
Curieusement, il est vrai que le père signe rarement ; seulement le parrain et la marraine.

dimanche 20 mai 2012

Lecture registres : ai-je un devoir de signalement?

Autocritique d'un dimanche après-midi...ou simple prise de tête? :-)



Je m'explique: ai-je un devoir de relever toutes les informations que je trouve lors de la lecture d'un registre paroissial, d'un registre d'état civil ; bref de tout document pouvant apporter des informations utiles à tout autre généalogiste, voire chercheur.


Un relevé égoïste?
Cela fait plusieurs années, surtout suite à la mise en ligne des registres paroissiaux et d'état civil en ligne, que je dépouille, lorsque le temps me le permet, des documents.
Avec le temps, j'entame la lecture de registres paroissiaux assez anciens, et bien évidemment, se pose le problème de la compréhension des actes.

C'est à ce moment que je me suis plusieurs fois fais la remarque que j'ai la possibilité de lire, voire de déchiffrer, et que cette possibilité pourrait être utilisée pour toutes les informations contenues dans le registre et non pas seulement pour les actes intéressant mes ancêtres.

Je remarque quelquefois, par mes lectures en diagonale, des mentions de métier, de maladie..., ou tout simplement des noms et filiations mais je ne prends pas le temps car je préfère me dédier à la recherches de mes ancêtres.

J'essaye de trouver du temps, et comme je souhaite avancer sur mes recherches, je ne m'attarde pas trop lors de la lecture d'un registre.


Je ne fais pas parti d'une association généalogique procédant au relevé systématique
mais mes lectures favoriseraient l'avancée des autres généalogistes...

Souvent je remarque des mentions sur une personne relatant leur origine dans une autre région voire un autre pays.

(ci-dessous exemple parmi tant d'autres: mention d'origine d'un militaire à Badonviller: région de l'Artois)

Je devrais idéalement profiter d'être sur ce registre pour faire un travail de relevé sur les noms tout simplement pour éviter à d'autres personnes de revenir dessus...
J'essaye de prendre part mais seulement quand mon oeil tombe dessus.
J'ai l'impression de sous-exploiter le document.

Il est vrai que les mentions sont importantes en fonction de plusieurs facteurs: curé, année...
Malgré tout, et là je me rassure, je sais que mes découvertes servent à ceux qui partagent les mêmes ancêtres que moi. :-)

Il s'agit d'une remarque que j'avais envie de partager.

 
Peut-être devrais-je m'inscrire à un programme de dépouillement où je puisse intervenir à mon rythme suivant mes disponibilités.


Décès d'un fils "imbécile" à Badonviller (54)

Lors de mes recherches hier dans les registres paroissiaux de la commune de Badonviller (massif vosgien de la Meurthe et Moselle), j'ai découvert un acte de décès d'un homme considéré comme "imbécile", sûrement parce qu'handicapé ou "simple d'esprit" comme on pouvait dire autrefois.

L'expression m'a interpellé...