Tel était le sort de mon ancêtre Marie Anne Sorelas déposée à l'Hospice des orphelins de Nancy le 14 novembre 1838 avec message suivant:
"L'an mil huit cent trente huit, le quatorze novembre , à onze heures du matin, par devant nous Jacques François Villot, adjoint au maire de la ville de Nancy, délégué pour remplir les fonctions d'officiers de l'Etat Civil en l'hôtel de ville, est comparu le sieur Jean Claude Martin, commissaire de police en cette ville, y demeurant, lequel nous a déclaré que cejourd'hui à cinq heures et demie du matin, d'après l'avis qui lui a été donné qu'un enfant était apposé près de la porte d'entrée de l'hospice des orphelins de cette ville, il s'y est transporté et a trouvé le dit enfant qu'il nous a présenté, enveloppé d'un jupon d'indienne fond brun, à pois noirs, ouaté, et doublé de laine grise, d'un (------), à raies roses et blanches, d'un autre en laine blanche........., d'une robe en indienne, fond rose, à petits pois blancs, d'un mouchoir en mousseline blanche, et d'une chemise, la tête couverte d'un béguin blanc piqué, et d'un bonnet à petits carreaux bruns et lilas, garni de dentelle ; les pieds chaussés d'une paire de bas de laine blanche, et d'un seul soulier noir, à l'autre pied, était noué un ruban bleu, après l'avoir visité avons reconnu qu'il était de sexe féminin, paraissait âgé d'un an, qu'il avait pour remarque, suspendu à son cou, avec un ruban bleu, une médaille en cuivre représentant la sainte Vierge, avec ces mots gravés: ô Marie, conçu sans pêché, prie pour nous, qui avons recours à vous; et un billet ainsi conçu : "Des circonstances tout à fait malheureuses mettant aujourd'hui ces parents dans la cruelle nécessité d'abandonner cette petite fille, après avoir épuisé tous les moyens de ressources pour la retenir. Cet abandon forcé ne détruit pas en eux tout espoir de reprendre leur enfant qui est baptisé et porte le nom de Marie. C'est pourquoi on prie avec instances les charitables soeurs de traiter avec leur bienveillance ordinaire cette orpheline momentanée et d'examiner soigneusement les marques et objets qu'elle a, pour mettre les auteurs de ses jours sur la voie, lorsqu'ils viendront la réclamer", et de suite l'avons inscrit sous les prénoms et nom de Marie Anne Sorélas, et ordonné qu'il soit reçu audit hospice, avons dressé acte en présence des sieurs Louis Gaspard Beaucourt, âgé de quarante ans, et Joseph Brêche, agé de vingt sept ans, tous deux professeurs de musique en cette ville, y domiciliés, et ont les comparants et témoins signés avec nous".
Cet acte de naissance me révèle malheureusement que Marie Anne a été abandonnée, sans avoir le nom des parents: situation difficile à surmonter pour un généalogiste.
J'ai toujours eu l'espoir de retrouver un jour les origines de Marie Anne.
Ci-dessous copie d'un des registres consacrés aux enfants abandonnés reprenant les mêmes faits que sur l'acte de naissance:
Le 12 janvier 2012, je me suis rendu aux archives départementales de Meurthe et Moselle à Nancy avec l'ambition de trouver le dossier d'abandon de Marie Anne.
J'avais enquêté auparavant sur le type d'archives pouvant m'aider dans cette mission. Une des archivistes m'avait informé que je pourrais trouvé des renseignements dans la H-dépôt 5 (ancienne série X) consacré à l'Hospice Saint Stanislas, lieu de dépôt de Marie-Anne.
Je n'ai malheureusement pas trouvé son dossier d'abandon qui, faute de chance, était un des seuls manquants, dans les cartons des années 1838-1839. Peut-être s'est-il glissé dans d'autres cartons? car même si les dossiers avaient été triés, certains dossiers ne se trouvaient pas dans les bons cartons.
Pourquoi ceux de la fin de l'année 1838 étaient-ils manquants...?
Quelle déception!
Je ne m'avoue pas vaincu pour autant: lors d'une prochaine visite, la fouille dans les autres cartons me permettrait peut-être de trouver des indices! J'ai fait part de mon cas à l'archiviste.
Cependant, il était surement possible de trouver d'autres indices sur la vie de marie Anne.
Devenir de l'enfant abandonné
A leur arrivée à l'hospice, les enfants sont baptisés si rien ne constate que cela a déjà été fait.
Les enfants de moins de 4 ans reçoivent un collier garni d'une médaille portant la désignation de l'hospice et le numéro sous lequel ils y sont inscrits.
Les enfants que le médecin a reconnu pouvoir être placés sans danger pour leur santé sont envoyés à la campagne, confiés de préférence à des personnes résidant au chef-lieu de la commune de façon à pouvoir fréquenter facilement l'église et l'école.
Les enfants abandonnés sont placés aussi loin que possible du lieu connu ou présumé de leur origine.
A leur 12 ans, les enfants cessent d'être à la charge du budget départemental et sont placés comme domestiques ou en apprentissage chez des cultivateurs ou des artisans. Les contrats d'apprentissage sont soumis au conseil de tutelle. La portion du salaire qui n'est pas nécessaire aux besoins de l'enfant est placée sur un livret à la caisse d'épargne et reste sa propriété.
(source: AD54 - présentation du fonds H-dépôt)
Suite de mon enquête
Toujours dans la série H-dépôt 5/177 donc, j'ai retrouvé ce qui semble être un livre de suivi de l'enfant et les nourricières chez lesquelles elle a été placée.
Son "numéro" d' enfant était le 508, et voilà ce qu'on y apprend:
nom de baptême: Marie Anne Sorélas
âge: 1 an
réception: 14 novembre 1838
nom des nourriciers: Marguerite Simon, femme Germain,
le 1er juillet 1842, passée cher Joseph Germain du même lieu
Résidence des nourriciers: Jallaucourt 21 novembre 1838
rentrée le 2 janvier 1846
replacée le 28 mars 1846
chez Marie Tournois femme de Charles Hassel 5hanel) à Aulnois...(57)
SORELLAS, nom de famille qui m'est toujours apparu étrange, voire étranger à cette région.
Je n'ai toujours pas eu la réponse sur l'origine de ce nom.
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