dimanche 30 décembre 2018

Une inhumation décrite par le prieur de Jouy en Lorraine

Dans un précédent article "Mes ancêtres à travers l'oeil du prieur de Jouy", je vous avais déjà parlé du curé prieur Norbert Thirion, officiant à Jouy sous les côtes et Corniéville, paroisses dans l'actuel département de la Meuse en Lorraine.

Ce prieur a eu la bonne idée, pour un généalogiste comme moi, de raconter la vie de nos ancêtres, et notamment des miens, à travers les registres paroissiaux.

Il y a 301 ans, le 30 décembre 1717, est décédé mon aïeul, Jean THIRIOT, inhumé le lendemain dans la paroisse de Jouy-sous-les-côtes, paroisse à côté de Commercy dans la Meuse.
cet acte d'inhumation est d'ailleurs très bien écrit: voyez plutôt ci-dessous.

 vue 13/133 Archives départementales de la Meuse - Registres Jouy - Cote E dépôt 193 (1 E 2)
Le 30e decembre 1717 Jean Thiriot charon après avoir été longtemps
affligé dune grosse enflure en forme d’hydropisie et avoir emploié
tous les remedes imaginables pr s’en guerir, le dernier dont il s’est servi luy a été
si funeste qu’au lieu de le soulager, il luy a augmenté ses douleurs et donné promptement
le coup de la mort qu’il a receüe avec beaucoup de resignation et de piété avec le secours
qu’il a eu de tous les sacremens et meme avec l’application de l’indulgence pleniere accordée
à l’article de la mort aux confreres de st rozaire avant le bonh. d’avoir été enrôlé
dans cette belle confrérie de la Ste Vierge, et le lendemain il a été par moy inhumé
dans notre cimetiere

Norbert Thierion Prieur curé de Jouy et Cornieville


Je ne savais pas ce qu'était l'hydropisie. L’hydropisie consiste notamment en une forte rétention de liquide dans le péritoine (la membrane qui recouvre les organes présents au niveau du thorax).
Le prieur avait-il des connaissances médicales...?

En tout cas, mon ancêtre est décédé dans la douleur et rien n'a pas malheureusement le soigner.
Il s'était marié 11 ans plus tôt; il n'avait peut-être d'une trentaine ou une quarantaine d'années...
Il s'agit d'un témoignage du passé qui ne laisse pas indifférent: imaginer la douleur dans cette fin de vie...

Avez-vous, vous aussi, eu connaissance d'actes descriptifs sur la vie de vos ancêtres?

mardi 9 janvier 2018

De nouvelles découvertes pour l'épineuse et mystérieuse Catherine #épine généalogique

Pour commencer cette nouvelle année, généalogiquement parlant, rien de tel qu'une épine généalogique pour remotiver un généalogiste à la déroute.

C'est ce que propose le blog "Des branches" en créant un blog dédié aux épines généalogiques: "Le verger aux épines".

Depuis mes débuts en généalogie, des mystères entourent certains ancêtres de ma généalogie.

C'est le cas de Catherine Monnet, mon aïeule.

Elle constitue une épine généalogique mentionnée d'ailleurs dans le Verger aux épines.

Mon dernier article qui lui était consacré, date de 2014: "Catherine Monnet, décédée sous un faux nom... à plus de 1000km".
Il était temps de réactualiser les données la concernant ; quelques découvertes ayant été faites depuis, mais les zones d'ombres subsistent.

Les étapes connues de sa vie
  • Sa naissance dans les Vosges
Catherine est née à Raon l'Etape le vendredi 12 février 1773 et baptisée le lendemain, du mariage de Pierre MONET et Catherine MANGEARD.
Son père, Pierre, était ouvrier dans une scierie à eau de Raon l'Etape, scieries qui se sont développées dans cette commune au confluent de la Plaine et de la Meurthe, en contrebas des Vosges.
  • Son mariage dans la Meuse
Catherine se marie le 25 brumaire de l'an VI (15 novembre 1797) avec Nicolas MORISOT, marchand boucher de Rigny la Salle, département de la Meuse.
Nicolas est alors déjà veuf d'Elisabeth Guillaume et divorcé de Jeanne Thiebaut (la raison du divorce restant à découvrir...) et est de 19 ans son ainé.
Catherine est elle âgé de 25 ans à l'époque, et était sa domestique. Elle a accouché d'ores et déjà d'un fils, François.
  • Pourquoi Rigny la Salle?
A son mariage, son témoin est François LECAPé, son oncle, aubergiste de la commune de Vaucouleurs et qui était le mari de Marie Anne Mangeard, tante maternelle de Catherine.

A sa majorité et aux lendemains de la Révolution, Catherine a sûrement rejoint sa tante maternelle pour y trouver refuge et travail.
  • La noyade de son époux
Cet épisode, déja traité dans un précédent post, fait ressurgir Catherine qui est témoin dans l'acte de décès de Nicolas Morisot du 13 fructidor an VII, qui s'est noyé au retour d'un jour de foire.
Catherine se retrouve ainsi veuve avec 1 fils en bas âge, et enceinte de mon ancêtre Auguste MORISOT, qui naîtra le 18 plûviose an VIII.

Est-elle restée seule, s'est-elle remariée...? Aucune piste.
C'est là que s'arrête la dernière trace de Catherine....jusqu'à...
  • Son décès dans les Pyrénées...sous un faux nom!
Son fils, mon ancêtre Auguste Morisot, devenu tailleur d'habits à Rigny la Salle, se marie le 21 février 1828 à Barbe FILIER.`
Dans l'acte de mariage, est évoqué son père, Nicolas, et bien évidemment sa mère Catherine, qui est dite décédée, à Nay, département des Basses Pyrénées.

L'officier d'état civil précise que Catherine est enregistrée dans les actes de décès de cette commune sous le nom de SENVILLE (ou Seuville) au lieu de son propre nom qui est Monet.
Pourquoi est-elle décédée si loin de son domicile? et surtout sous un faux nom?

Etait-elle recherchée?

Les premières pistes recherchées
  • Son acte de décès dans les archives départementales des Hautes-Pyrénées
Catherine décède le 14 décembre 1818 à Nay à 4 heures du matin sous le nom déclaré de SENVILLE, dans la maison de Bonneville.
Les déclarants ne sont ni voisins, ni de la famille.
L'acte permet de corroborer les informations mentionnées dans l'acte de mariage de son fils, mais sans éléments supplémentaires malheureusement.


  • Autre piste : la recherche de sa déclaration de succession
Isabelle Louradour (@genealogie64), présidente de l'association "Gen&O" (Généalogie & Origines au Pays Basque) a eu la gentillesse de rechercher aux archives de ce département si une déclaration de mutation après décès avait été effectuée.

Ma plus grande crainte s'est réalisée : Catherine n'avait pas de biens donc pas de mutation, et donc d'héritiers à recherche et à déclarer ! Malheureusement cette piste se ferme.
Si Catherine s'était remariée, son époux aurait été évoqué dans la déclaration ou dans son acte de décès.
  • Piste éventuelle : qu'est devenu son 1er fils : François Morisot, né en 1797 ? 
François Morisot était né le 11 août 1797 alors qu'elle n'était pas encore marié à son patron, père naturel de l'enfant.

François l'a peut-être accompagné dans son périple? Qu'est-il devenu?

En recherchant sur les tables décennales, j'ai découvert qu'il est décédé le 7 octobre 1805 à Vaucouleurs, commune voisine de Rigny-la-Salle, et sous-préfecture.
L'oncle de Catherine, qui est alors cabaretier dans la commune, est mentionné comme témoin dans l'acte.

Récapitulons:
- En 1805: Catherine semble vivre à Vaucouleurs
- En 1818, elle décède à 1000 km de là
= que s'est-il bien passé pendant ces 13 ans....?

Les premières découvertes
  • Une première avancée: FILAE et la découverte de publications de bans !
En début d'année dernière, je me suis abonné à FILAE.
Je fais alors une revue rapide des ancêtres et quelques rapides recherches.
C'est alors que je saisis "Catherine Monnet" et là: bingo !
Les résultats me donnent des publications de mariage à Rigny en 1807 avec un certain Dassonville.


Les publications de bans des 15 et 22 février 1807 mentionnent un mariage à venir entre Pierre Louis Joseph DASSONVILLE, chasseur à cheval au dépôt du 13ème régiment, en garnison à Belfort, et Catherine MONNET.

Je me mets alors en quête de l'acte de mariage en lui-même mais aucun résultat, même avec les variantes phonétiques.
J'en déduis provisoirement que le mariage n'a peut-être pas eu lieu...vu la distance.
  • Une deuxième avancée: un remariage...à Belfort !
C'est alors, que suite à la publication de mon épine sur le blog "le verger aux épines", une généanaute, membre du groupe de généalogie sur le Berry, Cendrine, m'envoie un message.

"Bonjour Benoit, je viens de voir passer ton épine généalogique sur Catherine Monnet.
Et donc un petit cadeau en cette période de fêtes, Catherine Monnet s'est remariée le 30 mars 1807 à Belfort (Territoire de Belfort) avec Joseph DASSOUVILLE !!! Je viens de voir que sur ton arbre tu n'avais que le ban !!! Champagne"


  • Catherine est-elle vraiment décédée sous un faux nom ?
Elle décède dans les Pyrénées sous le nom de Senville: n'était-ce pas un diminutif de Dassonville...?


  • Recherche sur le régiment de Pierre Louis Joseph Dassonville: le 13ème régiment de chasseurs

J'ai trouvé l'historique du 13e régiment de chasseurs et des chasseurs à cheval de la garde écrit par P. Descaves.
En page 37, sont mentionnées les villes étapes du régiment:
- le 23 octobre 1805, la garde est à Vaucouleurs...: comme par hasard! Catherine y était lors du décès de son fils en 1805.
- Le 1er février 1806, la garde est à Colmar (Haut-Rhin)
- puis à Rouffach (68) le 1er juillet de la même année
- et à Belfort du 1er octobre 1806 au 6 octobre 1811.
Cette dernière étape explique que les amoureux transits s'y soient mariés.


  • Recherches d'enfants sur Colmar et Belfort, mais je n'ai rien trouvé....
  • Autre découverte: Pierre Dassonville se remarie en 1822 à Lille, sa ville d'origine avec Catherine Joseph DEVINCK
  • Pierre Dassonville décède à Lille en 1849 à l'âge de 73 ans, et exerçait le métier de vernisseur.


Conclusion: que d'épisodes et de découvertes!

Si je récapitule:

En 1805: Catherine semble vivre à Vaucouleurs
En 1807: mariage avec Pierre DASSONVILLE à Belfort
De 1807 à 1811: je suppose qu'ils sont restés à Belfort...?

En 1818, elle décède à 1000 km de là, dans les Pyrénées

= que s'est-il bien passé pendant les 7 dernières années de Catherine...?

Découvrirai-je un jour pourquoi les Pyrénées sont devenues sa dernière demeure?

Chers lecteurs, pensez-vous à une autre piste?

Merci en tout cas de me lire...