samedi 23 mars 2013

A...bandonnée le 14 mars 1838 devant l'hospice de Nancy


Tel était le sort de mon ancêtre Marie Anne Sorelas déposée à l'Hospice des orphelins de Nancy le 14 novembre 1838 avec message suivant:
"L'an mil huit cent trente huit, le quatorze novembre , à onze heures du matin, par devant nous Jacques François Villot, adjoint au maire de la ville de Nancy, délégué pour remplir les fonctions d'officiers de l'Etat Civil en l'hôtel de ville, est comparu le sieur Jean Claude Martin, commissaire de police en cette ville, y demeurant, lequel nous a déclaré que cejourd'hui à cinq heures et demie du matin, d'après l'avis qui lui a été donné qu'un enfant était apposé  près de la porte d'entrée de l'hospice des orphelins de cette ville, il s'y est transporté et a trouvé le dit enfant qu'il nous a présenté, enveloppé d'un jupon d'indienne fond brun, à pois noirs, ouaté, et doublé de laine grise, d'un  (------), à raies roses et blanches, d'un autre en laine blanche........., d'une robe en indienne, fond rose, à petits pois blancs, d'un mouchoir en mousseline blanche, et d'une chemise, la tête couverte d'un béguin blanc piqué, et d'un bonnet à petits carreaux bruns et lilas, garni de dentelle ; les pieds chaussés d'une paire de bas de laine blanche, et d'un seul soulier noir, à l'autre pied, était noué un ruban bleu, après l'avoir visité avons reconnu qu'il était de sexe féminin, paraissait âgé d'un an, qu'il avait pour remarque, suspendu à son cou, avec un ruban bleu, une médaille en cuivre représentant la sainte Vierge, avec ces mots gravés: ô Marie, conçu sans pêché, prie pour nous, qui avons recours à vous; et un billet ainsi conçu : "Des circonstances tout à fait malheureuses mettant aujourd'hui ces parents dans la cruelle nécessité d'abandonner cette  petite fille, après avoir épuisé tous les moyens de ressources pour la retenir. Cet abandon forcé ne détruit pas en eux tout espoir de reprendre leur enfant qui est baptisé et porte le nom de Marie. C'est pourquoi on prie avec instances les charitables soeurs de traiter avec leur bienveillance ordinaire cette orpheline momentanée et d'examiner soigneusement les marques et objets qu'elle a, pour mettre les auteurs de ses jours sur la voie, lorsqu'ils viendront la réclamer", et de suite l'avons inscrit sous les prénoms et nom de Marie Anne Sorélas, et ordonné qu'il soit reçu audit hospice, avons dressé acte en présence des sieurs Louis Gaspard Beaucourt, âgé de quarante ans, et Joseph Brêche, agé de vingt sept ans, tous deux professeurs de musique en cette ville, y domiciliés, et ont les comparants et témoins signés avec nous".

Cet acte de naissance me révèle malheureusement que Marie Anne a été abandonnée, sans avoir le nom des parents: situation difficile à surmonter pour un généalogiste.
J'ai toujours eu l'espoir de retrouver un jour les origines de Marie Anne.

Ci-dessous copie d'un des registres consacrés aux enfants abandonnés reprenant les mêmes faits que sur l'acte de naissance:


 

Le 12 janvier 2012, je me suis rendu aux archives départementales de Meurthe et Moselle à Nancy avec l'ambition de trouver le dossier d'abandon de Marie Anne.
J'avais enquêté auparavant sur le type d'archives pouvant m'aider dans cette mission. Une des archivistes m'avait informé que je pourrais trouvé des renseignements dans la H-dépôt 5 (ancienne série X) consacré à l'Hospice Saint Stanislas, lieu de dépôt de Marie-Anne.

Je n'ai malheureusement pas trouvé son dossier d'abandon qui, faute de chance, était un des seuls manquants, dans les cartons des années 1838-1839. Peut-être s'est-il glissé dans d'autres cartons? car même si les dossiers avaient été triés, certains dossiers ne se trouvaient pas dans les bons cartons.
Pourquoi ceux de la fin de l'année 1838 étaient-ils manquants...?
Quelle déception!

Je ne m'avoue pas vaincu pour autant: lors d'une prochaine visite, la fouille dans les autres cartons me permettrait peut-être de trouver des indices! J'ai fait part de mon cas à l'archiviste.

Cependant, il était surement possible de trouver d'autres indices sur la vie de marie Anne.


Devenir de l'enfant abandonné

A leur arrivée à l'hospice, les enfants sont baptisés si rien ne constate que cela a déjà été fait. 
Les enfants de moins de 4 ans reçoivent un collier garni d'une médaille portant la désignation de l'hospice et le numéro sous lequel ils y sont inscrits.
Les enfants que le médecin a reconnu pouvoir être placés sans danger pour leur santé sont envoyés à la campagne, confiés de préférence à des personnes résidant au chef-lieu de la commune de façon à pouvoir fréquenter facilement l'église et l'école.
Les enfants abandonnés sont placés aussi loin que possible du lieu connu ou présumé de leur origine.

A leur 12 ans, les enfants cessent d'être à la charge du budget départemental et sont placés comme domestiques ou en apprentissage chez des cultivateurs ou des artisans. Les contrats d'apprentissage sont soumis au conseil de tutelle. La portion du salaire qui n'est pas nécessaire aux besoins de l'enfant est placée sur un livret à la caisse d'épargne et reste sa propriété.
(source: AD54 - présentation du fonds H-dépôt)

Suite de mon enquête

Toujours dans la série H-dépôt 5/177 donc, j'ai retrouvé ce qui semble être un livre de suivi de l'enfant et les nourricières chez lesquelles elle a été placée.

Son "numéro" d' enfant était le 508, et voilà ce qu'on y apprend:




 nom de baptême: Marie Anne Sorélas
âge: 1 an
réception: 14 novembre 1838
nom des nourriciers: Marguerite Simon, femme Germain, 
le 1er juillet 1842, passée cher Joseph Germain du même lieu
Résidence des nourriciers: Jallaucourt 21 novembre 1838
rentrée le 2 janvier 1846
replacée le 28 mars 1846
chez Marie Tournois femme de Charles Hassel 5hanel) à Aulnois...(57)


SORELLAS, nom de famille qui m'est toujours apparu étrange, voire étranger à cette région.
Je n'ai toujours pas eu la réponse sur l'origine de ce nom.

Tout commentaire est bon à lire :-)Merci de m'indiquer vos noms ainsi que vous comptes twitter, facebook et blogs associés.have a good comment!

8 commentaires:

  1. Et pourquoi ce ruban bleu au pied ? Étonnant.

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  2. Bonjour Benoît
    J'ai suivi un cheminement semblable pour mon ancêtre Isabelle Mathey abandonnée en 1827 à Nancy également, et j'avais eu la chance de trouver son dossier d'abandon. Par contre, aucune trace de ses parents...

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  3. Je trouve la lecture de l'acte bouleversante, surtout dans les détails. Je te souhaite de retrouver le dossier d'abandon.

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  4. la lecture de ces actes me fait toujours une peine immense , ces pauvres petits enfants condamnés a la misère de la vie dès la naissance.
    selma cayol

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  5. Toujours des récits bien tristes que ceux des abandons... C'est par là que j'ai commencé moi-même, mais j'avais la "chance" d'avoir le nom de la mère de l'enfant abandonné (mon grand-père). Les recherches, quoique longues, ont été plus fructueuses. Et j'ai reçu des archives de Chaumont la copie du dossier d'abandon et de placement.
    Son nom de famille m'évoque une remarque qui pourrait être faite devant la condition de Marie "c'est son triste sort hélas"........... mais pur délire peut-être. En revanche, il serait peut-être intéressant de savoir comment ont été baptisés ceux qui ont été abandonnés juste avant et juste après Marie. ça donnerait peut-être la clé pour comprendre comment cette commune (ou ce département) choisissait les patronymes des enfants abandonnés. Bonnes recherches en tout cas.

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  6. Je pense que l'hypothèse d'Odile concernant le nom est probable. Il y a quelquefois des règles à l'attibution du nom. Dans le Poitou pendant une période on donne des noms de lieux, d'autrefois des noms de plantes... Dans la Vienne, le collier d'abandon est remplacé par une boucle d'oreille car il blesse les enfants...
    Ici pour limiter les abus des nourrices on procède à des échanges interdépartementaux, ça limite les frais..
    Dans les registres que j'ai consultés les parents viennent assez souvent reprendre leurs petits. C'est étonnant.
    Merci Benoist pour cet article !
    Amitiés.

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  7. Bonsoir Benoit, j'ai moi aussi une enfant trouvée à Nancy 30 ans avant votre Marie-Anne mais avec quelques coïncidences , Agathe n'avait aussi qu'un seul soulier et quelqu'un m'a expliqué que la mère a certainement gardé l'autre dans l'espoir de pouvoir prouver qu'il s'agissait de sa fille si elle arrivait à la récupérer...
    Merci pour ce bel article
    http://memoires.christinedb.fr/?p=45

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  8. Bonsoir. Je suis très touché par cette histoire. Je suis moi aussi concerné par un cas semblable dans ma famille: Thérèse, abandonnée à 11 mois derrière l’Hôtel de Ville, début février 1785. Merci pour votre récit qui m'a permis de lancer mes recherches plus approfondies sur elle. J'ai contacté les archives et espère trouver des informations. J'espère que depuis cet article vous avez pu trouver ce que vous cherchiez.

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