jeudi 9 juin 2016

I comme Insolite, le décès d'un aïeul ocrier et de ses fils

Pour ce challenge 2016 consacré aux hommes et à "mes" pères, je reviens sur un article récent concernant la découverte de l'acte de sépulture d'un de mes aïeuls berrichons, à savoir Sylvain BLAIN: un acte à la fois ignoble, terrifiant et insolite.

Je reprends donc cet article publié le 5 mai 2016:

C'est en flânant sur mon arbre que j'ai décelé une branche peu renseignée, à savoir les parents de Catherine BLAIN, du village de Saint-Georges-sur-la-Prée, dans le département du Cher, à la limite des départements de l'Indre et du Loir-et-Cher.

Source: géoportail
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Lors de son mariage en 1765 avec Jean AUDOIRE, Catherine est dite fille de Sylvain BLAIN et Marie MASSAY (ou MACé), parents dont je n'ai pas encore trouvé le mariage.

J'ai tout de même trouvé, via le site de généalogie "Généra Cher Indre", une indication sur le décès de son père, Sylvain, mentionné comme étant décédé le 7 septembre 1748 à Saint-Georges, et "ocrier" de profession.

Je tombe facilement sur son acte sur le site des archives départementales du Cher:
Archives départementales du Cher, page 177 Saint-Georges-sur-la-Prée 1731 1760 3E 309 http://www.archives18.fr/ark:/41383/s005594eb962f614/55a110db5560d

Archives départementales du Cher, page 177 Saint-Georges-sur-la-Prée 1731 1760 3E 309 http://www.archives18.fr/ark:/41383/s005594eb962f614/55a110db5560d
L’an mil sept cent quarante huit le sept septembre les corps
de Silvain Blain agé de quarante neuf ans epoux de marie
massé, nicolas Blain agé de vingt ans, Et Jean Blain agé
de seize ans, ses enfants, morts du jour précédant et trouvés
Etouffés dans l’ouverture / l...trou à locre ont été inhumes par moy par par
moy Curé soussigné en presence de nicolas gardefroy, nicolas
massay, Jean Badan, Estienne Sallé, françois et antoine gendrant Sonneurs qui ont déclaré
ne scavoir signer
Pinault curé de St george

Une fin tragique pour mon aïeul, et pour ses 2 fils!
Je ne peux imaginer le bouleversement dans la famille et la communauté villageoise.

Cet acte me rappelle en effet l'histoire ocrière de ce petit village berrichon, qui possède un musée dédié à l'ocre.

Saint-Georges-sur-la-Prée est bien connue depuis le haut Moyen-Age pour ses carrières d'ocre (pigment naturel utilisé pour les fresques et la décoration), dont la diffusion s'effectuait par bateau.

Dès les XIe – XIIe siècles et sans doute avant, l’ocre était retirée de carrières, bien en contrebas du village. Un terrain très accidenté, situé dans la zone ocrière, en serait la preuve et, dans les cartes anciennes, ce lieu est appelé " Les Anciennes Ocreriez " (mentionnées au-dessus du village sur la carte de Cassini ici bas)

Source: +Gallica BnF
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530952065

Au fil du temps, on en vint à l’exploitation minière, c’est-à-dire en creusant puits et galeries.
Cette dernière forme d’exploitation était une pratique très difficile, présentant bien sûr des risques, et demandant un grand savoir-faire.

C'est en extrayant l'ocre avec ses deux fils comme employés, que mon ancêtre est peut-être tombé sur une poche de gaz au fond de la mine, ou fût étouffé par la fumée de leur lampe à huile.
Ces deux explications sont plausibles.

L'ocrier creusait des puits, larges de 1m50 environ, et pouvant descendre jusqu’à 30m de profondeur. Il fallait traverser d’épaisses couches de terres argileuses, incrustées de cailloux, puis très souvent des bancs de grès très dur, qu’il fallait détruire à l’aide pics et, parfois, par explosion, puis à nouveau une couche de terre argileuse, avant d’arriver, enfin, à la couche d’ocre… 
Les ocriers établissaient alors un réseau de galeries horizontales disposées en étoiles autour du puits.

Outre le métier d'ocrier que je ne connaissais pas, la lecture de cette tragédie familiale me ramène à la dure réalité des conditions de travail de nos aïeux, pendant que je lis tranquillement le registre paroissial.

L'ocre de Saint-Georges était connu dans toute la France pour sa qualité et était transporté par bateau sur le Cher, en contrebas du village jusqu'à Nantes notamment, pour y être exporté.

Si vous souhaitez avoir plus d'éléments sur l'extraction ocrière, je vous invite vivement à visiter le site internet du Musée de l'Ocre de Saint-Georges sur la Prée, mais également sa page Facebook.


Avez-vous aussi rencontré dans les registres paroissiaux des actes retraçant la fin tragique de vos aïeux lors de leur activité professionnelle?




Extrait "Nouveau manuel complet du peintre en bâtiments, du fabricant de couleurs, du doreur, du vernisseur, du vitrier et de l'argenteur."Source: +Gallica BnF
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