A comme Ambiguïté du prénom #challengeAZ

Nos ancêtres sont toujours déconcertants si on y porte un œil actuel.

Mais il faut toujours se resituer à l'époque où ils ont vécu.

J'en veux pour preuve notamment les prénoms de certains de mes aïeu(x)(les).

Au tout départ de la lecture des registres paroissiaux, je me disais qu'une erreur avait pu se glisser dans la rédaction de l'acte et que le prêtre était prêtait peu attention au contenu de son registre. Que nenni!

Quelques exemples surprenants:

1er cas pratique: Maria

1681, le 30 mars exactement, naît mon aïeule, Jeanne DESBORDES dans une petite paroisse de Sologne, à savoir Tremblevif, aujourd'hui Saint-Viâtre, dans le Loir-et-Cher.

Elle est fille de Maria.

Jusque-là, vous me suivez.

Sauf que Maria est son père.

Jeanne est la fille de Maria Desbordes et Noë Bouquin.

Archives départementales du Loir-et-Cher Titre : E-DEPOT 231/8 -  Registre paroissial. Baptêmes, mariages, sépultures (1679-novembre 1682) 1679 - 1682 page 28/45

Commune : SAINT-VIATRE (Commune de)

 "Aujourdjuy 30 de mars 1681 a esté baptizée Janne desbordes fille de maria

Desbordes et de Noë bouquin ses pere et mere de cette paroisse le parrin a

esté francois desbordes et la marreine Jeanne bouquin lesquels

onst déclaré ne scavoir signé en presence de Me michel Sebille chanoine

de la ferté avrin"

Prénom féminin pour un homme, qui est bien confirmé par l'acte de mariage le 3 septembre 1680 entre Maria et Noëe.

Archives départementales du Loir-et-Cher Page 21/45 Titre : E-DEPOT 231/8 -  Registre paroissial. Baptêmes, mariages, sépultures (1679-novembre 1682) 1679 - 1682
Commune : SAINT-VIATRE (Commune de)

"Aujourd'hui 3 septembre 1680 Maria Desbordes laboureur

La Coquillaterie fils de francois desbordes et de Marie M..

d'une part et Noée bouquin fille de gabrielle bouquin..."

J'ai retrouvé d'autres solognots avec le même prénom dans le registre.
Au XVIIème siècle, le prénom était, semble-t-il, aussi utilisé pour les hommes?

2ème cas pratique: Philippe

En Sologne, toujours mon ancêtre Jean BROSSARD est le fils de Bonaventure (prénom peu usuel) et de Philippe.
Non, non, le mariage pour tous n'existait pas encore!

Pour preuve, l'acte de mariage de Jean le 29 janvier 1704 à Châtres-sur-Cher (Loir-et-Cher):

Archives départementales du Loir-et-Cher Page 11 - Titre : E-DEPOT 044/7 -  Registre paroissial. Baptêmes, mariages, sépultures (1703-1709 ; 1713-1733). L'année 1733 figure juste avant 1732. 1703 - 1733
Commune : CHATRES-SUR-CHER (Commune de)

 "Le vingt neuf janvier mil sept cens quatre apres les fiancailles

et publications faites de trois bans suivant les ord.ces de ce

Diocese de Bourges Iceux Con.llés a Romorantin le 23e

dud. mois Entre Jean Brossard tissier en toile fils de

feu Bonaventure Brossard p. et de deffte philippe valin

d'une part...."

Dans une autre paroisse, à Saint-Symphorien, dans le Cher, fin du XVIIème siècle, une autre de mes aïeules porte également le prénom de Philippe : Philippe Floquet.

Il se trouve que jusqu'au début de XVIIème siècle, Philippe a également été un prénom féminin, de manière marginale cependant.

3ème cas pratique: Isabeau

Mon ancêtre, Marie Contenot, née à Nant-le-Grand, dans la Meuse, le 12 mars 1726, est la fille de Laurent Contenot, et d'Isabeau.

Isabeau est également un prénom féminin, alors qu'à première vue il pourrait sembler d'un prénom masculin.

+Gallica BnF nous le rappelle avec l'exemple de la Reine de France, Isabeau de Bavière :

[Copie d'un tableau représentant Isabeau de Bavière en grand costume de brocart, portant un manteau doublé d'hermines, et couronnée d'or sur son chaperon. Deux suivantes portent la queue de sa robe] : [dessin]
Source: gallica.bnf.fr

Nos ancêtres n'ont décidemment pas fini de nous faire parler et de nous faire découvrir et apprendre beaucoup de choses.

Mais peut-être avez-vous, vous aussi, rencontré des prénoms "ambigus"?